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Au Moyen Age, femmes nobles en pèlerinage à Compostelle


Rédigé par le 4 Janvier 2013 modifié le 2 Février 2024
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Si, dès le VIIIe siècle, saint Jacques devient le patron de l’Espagne, ce fait n’a pas un grand retentissement dans les royaumes européens. Au IXe siècle, l’Invention du tombeau de l’apôtre puis, un peu plus tard, le récit de sa Translation de Jérusalem en Galice commence à se répandre dans les milieux ecclésiastiques, sans pour autant susciter les mouvements de foules qu’on a bien voulu prétendre. De surcroît, saint Jacques était vénéré ailleurs qu’à Compostelle, dans des lieux qui conservaient souvent quelques unes de ses reliques. Ce n’est qu’à partir du milieu du XIIe siècle, lorsque se diffuse une chronique dite de Turpin que les milieux laïcs commencent à rêver de Compostelle. Ce texte, connu à plus de trois cent exemplaires, sous différentes versions, a servi de support aux rois tant de France que d’Espagne, Angleterre ou Empire pour se prétendre les héritiers de Charlemagne. Il a incité les nobles à suivre en Espagne le grand empereur et ses preux. Quelques femmes ont voulu les accompagner. Les femmes du peuple ont parfois marché sur leurs traces. Plusieurs œuvres littéraires semblent s’être donné pour but de réfréner ces désirs en mettant en scène les pires dangers promis aux imprudentes.
 

Saint Jacques, apôtre évangélisateur de l’Occident

Dans les Actes des apôtres (Ac 1,8) Jésus recommande à ses apôtres de continuer sans lui :
« Vous serez témoins de moi à Jérusalem, et dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu'à l'extrémité de la terre » (Ac 1, 8).
Au VIIe siècle seulement, le De ortu et obitu patrum[[1]]url:#_ftn1 du pseudo-Jérôme cartographie la dispersion des apôtres après la mort du Christ. A Jacques a été échu l’Occident. Il arrive en Hibérie :
« Jacques, fils de Zébédée, frère de Jean, celui qui prêche l’Evangile ici en Hibérie et dans d’autres contrées occidentales et versa la lumière de la prédication au coucher du monde ».
Mais Hibernie ou Hibérie désignent aussi bien l’Irlande que l’Espagne. Dans la seconde moitié du VIIIe siècle, l’Espagne, qui avait besoin d’un saint patron dans le cadre des premières luttes pour la Reconquista, s’approprie saint Jacques. Il circule dans les milieux chrétiens une hymne dite « de saint Isidore » le présentant comme
« Apôtre très saint, véritablement digne,
Chef éclatant de l’Espagne,
Notre protecteur et patron dans la fleur de l’âge ».
Le transfert d’un pays à l’autre a pu se faire par l’intermédiaire de Bède le Vénérable. Mais cette appropriation n’a pas empêché les légendes de continuer ailleurs, particulièrement dans les îles britanniques et en Bretagne. Un exemple apparaît dans la Vie de saint Samson[[2]]url:#_ftn2 rédigée, pense-t-on, à Dol au VIIe siècle par lequel l’apôtre aurait participé, outre-Manche, à la consécration épiscopale du futur fondateur de monastère de Dol.
Paradoxalement, le légendaire compostellan mentionne lui aussi un voyage de saint Jacques en Bretagne, dans de fausses chroniques, les chroniques de Dexter, qui circulent en Espagne à partir de la fin du XVIe siècle. Selon ces chroniques saint Jacques, venu en Espagne, y laissa l’un de ses disciples avant de partir vers le nord.
« Saint Jacques lorsqu’il se rendit en Bretagne et dans les autres provinces … montant dans un navire à La Corogne … accosta dans les Bretagnes après avoir laissé saint Pierre (de Ratistensen) comme vicaire aux gens de Braga »[[3]]url:#_ftn3
« En l’an 41 … Jacques … visita les Gaules et les Bretagnes et les places fortes de la région de Vannes où il prêcha ; et il revint à Jérusalem pour consulter la Bienheureuse Vierge Marie et Pierre sur des choses de la plus grande importance » [[4]]url:#_ftn4 . 
Une autre fausse chronique du même Roman de La Higuera associe Marie Salomé à l’épopée de son fils, tout en donnant des précisions d’itinéraires.
« Marie Salomé… revenant avec Jacques… son fils, après avoir parcouru des régions de la Germanie, de l’Angleterre et de l’Italie où il prêcha, mourut de vieillesse le 24 mai de l’an 42 ap. J.C. en arrivant à Vérone, à l’âge de 90 ans » [[5]]url:#_ftn5 .
Certes ces chroniques étaient fausses, mais révélatrices de ce qui pouvait être crédible encore au XVIe siècle.
Au début du XIe siècle étaient connues outre-Pyrénées la découverte du tombeau galicien et la Translation du corps, ainsi qu’en témoigne la « Translation de Fleury » provenant de l’abbaye de Fleury-sur-Loire (aujourd’hui Saint-Benoît-sur-Loire), écrite vers 1025-1030. Mais ce récit a ceci de particulier que, tout en reconnaissant une prééminence à Compostelle, il affirme qu'on peut vénérer saint Jacques ailleurs, en particulier dans toute église Saint-Jacques[[6]]url:#_ftn6 .
« Et cette piété divine n'opère pas seulement dans le lieu qui doit être révéré en toute dévotion, mais aussi dans tous les lieux consacrés au nom du saint. Il existe ainsi, en Neustrie, une église consacrée à sa mémoire, dans laquelle sont vénérées ses reliques très précieuses, où nous savons que se produisent quotidiennement autant de miracles qu'il convient par l'opération d'un tel Apôtre ».
Tout ceci concernait l’un des prieurés de Fleury, récemment fondé à Saint-James-sur-Beuvron en Normandie, possesseur d’une relique de saint Jacques[[7]]url:#_ftn7 .
 

Le succès de la Chronique de Turpin

Vers 1150 apparaît une première version de cette chronique, remaniée deux fois dans la décennie suivante. Il s’agit du récit de l’évêque Turpin de la venue de Charlemagne en Galice, sur injonction de saint Jacques qui lui a promis de l’aider en toute circonstance. Une marche triomphale qui se termine par une triple mort, celle de Roland à Roncevaux, celle de Charlemagne et celle de Turpin.
Etant donné la place accordée à l’abbaye de Saint-Denis, on peut penser qu’une partie du texte y a été rédigée, vraisemblablement au moment où l’abbé Suger (1080-1151) réservait une place d’honneur à un « bras de saint Jacques ». Il fut inclu dans la face principale de l’autel qui précédait le tombeau de Charles le Chauve[[8]]url:#_ftn8 . Ce bras aurait été donné par Charles le Chauve[[9]]url:#_ftn9 . Dans ses écrits, Suger parle par trois fois[[10]]url:#_ftn10 de cette relique provenant, selon toute probabilité, du trésor de Charlemagne à Aix-la-Chapelle[[11]]url:#_ftn11 . De surcroît, c’est vraisemblablement à Suger que l’on doit la place d'honneur réservée à « l’épée de Turpin »[[12]]url:#_ftn12 .
Les foules de pèlerins fréquentant Saint-Denis ne pouvaient manquer d’être frappées de voir la dynastie protégée par le bras de saint Jacques et défendue par l’épée de Turpin. Il est piquant de penser que saint Jacques a pu être un temps le protecteur des rois de France ! Bernard Guenée[[13]]url:#_ftn13 a déjà souligné la force de l’impact du Turpin qui associait « le royaume, l’abbaye de Saint-Denis et Charlemagne », auquel bien sûr il faut ajouter saint Jacques.
L’importance du Turpin est officialisée encore davantage en 1274, lorsque le texte est inclus dans les Grandes Chroniques de France, pour répondre à un vœu formulé par Saint Louis.
Un siècle encore et, en 1365, le nouveau roi Charles V se rattache à la lignée mythique de Charlemagne en surmontant son nouveau sceptre de sa statuette et, surtout, en faisant graver le nœud du sceptre de trois scènes du Turpin : l’apparition de saint Jacques à Charlemagne, le miracle des lances fleuries, l’âme de Charlemagne sauvée des démons par saint Jacques. Sur les bords sont gravés ces mots : Sanctus Karolus magnus Italia, Roma, Germanica. Bien que le Turpin soit devenu pseudo-Turpin au XVIIIe siècle, le sceptre a été utilisé par les rois jusqu’à Charles X en 1825, à l’exception de Charles VII et Henri IV.

Ils ont suivi Turpin

A la suite des rois, plusieurs nobles ont eu à cœur d’intégrer dans leur généalogie l’un ou l’autre des preux de Charlemagne. La plus significative est celle des comtes de Savoie, évoquée dans une charte signée de l’empereur Charles IV en 1369. On y rappelle qu’Amédée VI de Savoie appartient à la « noble lignée de Raynier et d’Olivier, jadis comtes de Genève et princes du Saint-Empire Romain »[[14]]url:#_ftn14 . Dans le Turpin figure en effet Olivier, fils du comte de Genève, pair de Charlemagne et compagnon de Roland. Vers 1400, une généalogie de saint Bernard de Menthon, fondateur du monastère du Grand-Saint-Bernard au XIe siècle fait de sa mère, Bernoline de Duin, une autre descendante en ligne directe d’Olivier[[15]]url:#_ftn15 .
En octobre 1365, Charles V continue l’action de Charlemagne et envoie la chevalerie française au secours d’Henri de Trastamar. Espère-t-il, comme le lui suggère son sceptre, que cette action sera mise à son actif à l’heure de sa mort ? Derrière Bertrand Du Guesclin, nouveau Roland, partent vingt à trente mille hommes[[16]]url:#_ftn16 nourris des exploits des chevaliers des temps passés. Et comme Charlemagne encore, Charles V a fait de nombreuses donations à la cathédrale de Compostelle.
Mais ne nous leurrons pas, la noblesse n’est souvent partie qu’à l’occasion d’expéditions militaires ou diplomatiques. Une preuve en est qu’en 1434, année jubilaire, lors du Pas d’Armes organisé par Suero de Quiñones sur le pont d’Orbigo, sur les soixante-huit adversaires qualifiés de « nobles pèlerins de Compostelle », seuls quatre venaient d’au-delà des Pyrénées. Ces estimations modestes d’hommes en route pour Compostelle impliquent un nombre de femmes encore plus modeste. Les quelques portraits qu’on peut en tracer ne les rendent que plus précieuses.

Les nobles étrangères pèlerines de Compostelle

On trouve peu de femmes sur les grandes routes de pèlerinage (à peine 10% si l’on peut se risquer à avancer un chiffre) et à plus forte raison peu de femmes de la noblesse, peut-être à cause du mauvais souvenir laissé par la croisade entreprise en 1147 par Louis VII, accompagné d’Aliénor. En effet, si l’on en croit le chroniqueur Guillaume de Neubourg[[17]]url:#_ftn17 , « au moment où allait s’ébranler cette fameuse expédition, le roi, animé d’une fougueuse jalousie à l’égard de sa toute jeune épouse, jugea qu’il ne devait à aucun prix la laisser et qu’il convenait à celle-ci de l’accompagner au combat ». Le chroniqueur ajoute que « l’exemple fut suivi par de nombreux autres nobles qui emmenèrent avec eux leurs épouses ; et comme celles-ci ne pouvaient se passer de chambrières, une multitude de femmes vécut dans ce camp chrétien qui aurait dû être chaste ». Et de conclure : « de là le scandale qu’offrit notre armée ». Trente ans plus tard, Guillaume de Tyr précise et traite Aliénor de « femme folle… qui offensa la dignité royale, négligea la loi du mariage et oublia le lit conjugal »[[18]]url:#_ftn18 . Malheureusement, nous ignorons si le même Louis VII, nouvellement remarié avec Constance, fille du roi de Castille Alphonse VII, emmena son épouse avec lui à Compostelle en 1154. C’est cependant vraisemblable, car il rend visite à son beau-père. Mais aucun chroniqueur n’en souffle mot, bien qu’il ne se soit pas agi cette fois d’une expédition guerrière.
Il convient de noter qu’on ne voit jamais de femmes nobles voyageant en solitaires. Même celles de condition plus modestes sont au moins accompagnées de leur époux, à quelques exceptions près.

Une future sainte fuit la vie de cour en partant pour Compostelle

Sainte Brigitte[[19]]url:#_ftn19 fut pèlerine à Compostelle en 1341-1342, et ce départ fut une fuite de la vie politique. Issue d’une famille noble, elle avait épousé, en 1320, Ulf Gudmarson, sénéchal de Néricie. Après que le couple eut fait vœu de chasteté (elle a quarante ans et déjà huit enfants), les époux partent à Compostelle. Son biographe raconte :
« Comment elle gagna son mari à Dieu et tous deux allèrent à Saint-Jacques... Ainsi l'un et l'autre, fervents dans l'amour de Dieu, pour mieux se dégager des vanités de ce monde, quittèrent leur patrie et leurs parents, à l'exemple d'Abraham, et au prix de nombreux efforts et dépenses, se rendirent en Espagne à Saint-Jacques-de-Compostelle ».
Brigitte et son mari ne sont pas seuls. Ils sont accompagnés d’une suite nombreuse de laïcs et d’ecclésiastiques, moines, prêtres, frères mendiants. Première halte à Cologne, puis Aix-la-Chapelle et, sans transition, la Sainte-Baume. Ils s’embarquent à Marseille et arrivent par mer sur les côtes espagnoles. Toujours selon son biographe, Brigitte
« ne ménagea pas ses peines pour rendre visite aux tombeaux des saints, celui de saint Jacques et d'autres saints, marchant sur les traces de ses prédécesseurs, car son père avait été en pèlerinage à Jérusalem, de même son aïeul et son bisaïeul… Il est inouï que des seigneurs aussi magnifiques et dotés d'autant de richesses et de gloire aient accompli un aussi dur chemin, partant du bout du monde pour voir Saint-Jacques, et Jérusalem où Jésus-Christ s'est incarné et a souffert sa Passion ».
En 1344, après la mort de son mari, elle se retire au couvent d'Alvastra, où elle eut les visions qui la rendirent célèbre. Elle pressa les papes d'Avignon de retourner à Rome où elle s’installe au moment du jubilé de 1350. En 1372 elle part à Jérusalem et elle meurt à son retour à Rome, le 23 juillet 1373. Elle fut canonisée par Boniface IX et par le concile de Constance. Elle fut proclamée co-patronne de l’Europe en 1999 par Jean-Paul II avec sainte Catherine de Sienne et sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix, promotion féminine faisant le pendant avec saint Benoît et les frères Cyrille et Méthode, co-patrons de l’Europe en 1980…

Deux ambassadrices de Louis XI ?

Deux grandes dames proches de Louis XI partent à Compostelle, poussées vraisemblablement par autre chose que la dévotion. Diplomatie ? Projets de mariages ? On ne sait, tout ceci étant secret par excellence.
A l’automne 1463, à l’âge de 59 ans, la reine-mère Marie d’Anjou (fille de Yolande d’Aragon, femme de Charles VII, mère de Louis XI) part à Compostelle, officiellement pour s’assurer que le vœu des rois de France d'entretenir à perpétuité les deux cierges allumés devant l'autel de la chapelle des rois de France était réellement exécuté. Sans un but plus précis, pourquoi part-elle à la mauvaise saison ? Elle est même obligée de s’endetter, car, disent ses comptes, pour financer ce « joyeux voyage de Monsieur S. Jacques en Galice », la reine suspendit le paiement de ses officiers. Encore n’a-t-elle pas fait le voyage par la voie terrestre, mais par mer. Elle n’est pas partie seule, mais en compagnie de son écuyer, Jean de Pérusse[[20]]url:#_ftn20 , âgé d’une vingtaine d’années. Elle le connaissait bien pour l’avoir eu comme échanson. Le jeune homme est revenu près d’elle après qu’il ait commis un meurtre dans l’armée de Catalogne, sous les ordres du comte de Comminges.
Marie revient par la Rochelle mais meurt subitement le 29 novembre, près de Parthenay, à l'abbaye royale des Châtelliers[[21]]url:#_ftn21 où elle fut inhumée[[22]]url:#_ftn22 . Elle n’a pas revu son fils et n’a donc pas pu lui rendre compte de sa mission, sauf si elle s’était confiée à Pérusse, ce qui est peu probable.
En 1466, soit trois ans plus tard à peine, c’est la tante du roi qui part à Compostelle, Marguerite de Savoie, comtesse de Wurtenberg. (Elle est même deux fois tante par alliance : elle a épousé en premières noces l’oncle maternel de Louis XI, Louis III d'Anjou, puis en secondes noces Louis de Savoie, oncle de Charlotte de Savoie épouse du souverain). Le 1er septembre, Louis XI demande aux habitants de Troyes de lui réserver un très bon accueil[[23]]url:#_ftn23 et il envoie au devant d’elle son maître d’hôtel Pierre Aubert auquel il donne près de 500 livres pour qu’il l’escorte ensuite jusqu’à Saumur. Le roi la rencontre à Montargis, d’où il demande le 16 septembre aux habitants d'Amboise de la recevoir comme ils le feraient pour lui :
« Chiers et bien amez, pour ce que nostre très chère et très amée tante la comtesse de Witemberg, laquelle est puis naguerre venue devers nous pour aucunes de ses affaires, s'en va présentement devers nostre très cher et très amé oncle le roy de Secille, et de là à l'intencion de s'en aller en pèlerinage à monseigneur saint Jacques de Galice, nous voulons et vous mandons qui vous la recevez et lui faites tout l'onneur et la meilleure chère que faire sera possible, tout ainsi que vouldriez faire à nous mesmes, et en ce faisant, vous nous ferez très singulier et agréable plaisir »[[24]]url:#_ftn24 .
 

Une journée de pèlerinage

Tant de soin porté par Louis XI pour s’assurer d’une bonne réception de la pèlerine permet de vivre avec la princesse l’étape d’Amboise. Au soir du 22 septembre elle arrive, entourée de sa suite, de ses sergents et de cinquante-sept chevaux. Aux portes de la ville, elle est attendue par le clergé et les habitants qui s’étaient portés au-devant d’elle en procession. On lui fit la révérence et on lui offrit « raisins, poires et pommes ». Il est étonnant de constater qu’aucun notable de la ville ne lui a offert l’hospitalité, car elle et sa suite furent logés dans les différentes auberges de la ville, aux frais des habitants. Marguerite de Savoie passa donc une nuit et un jour chez « Perrenelle la Royère, hostellière de l'Image Nostre-Dame sur les ponts d'Amboise »[[25]]url:#_ftn25 tandis que ses femmes étaient logées chez Pierre Pellé et « ses chevaux et autres gens en la rue de la Boucherie ». Les frais ne furent réglés que le 30 octobre 1470 sur le budget « de la fortification et emparemens de la ville », ce dont Perrenelle se déclara « tenue à contentement et pour bien payée » !
Un pèlerinage princier se déroule donc dans des conditions conformes au rang social, qui ne se trouve pas gommé par la condition de pèlerin. Il n’interdit pas non plus, chemin faisant, de traiter « d’aucunes de ses affaires » ni de rencontrer des membres de sa famille. Le duc de Savoie Amédée IX est allié du Louis XI, mais un peu incertain car dans le même temps il signe des alliances avec la Bourgogne. Tante et neveu ont-ils traité de ce sujet ? Ont-il tenté d’organiser quelque projet matrimonial pour rétablir l’ancienne entente franco-espagnole ? (Moins de trois ans plus tard, entre mai et août 1469 le cardinal Jean Jouffroy est officiellement envoyé, pour cette raison, à Cordoue[[26]]url:#_ftn26 . Il était chargé d’obtenir pour le frère du roi, Charles duc de Berry et de Guyenne, la main de la princesse Isabelle sœur du roi Henri IV devenue héritière de la Castille).
 

L’arrivée au sanctuaire

Les récits de ces arrivées sont très rares. L’un concerne la reine Isabelle de Portugal (1271-1336), épouse de Denis le Libéral. En 1325, veuve, elle vient à Compostelle depuis Porto[[27]]url:#_ftn27 . Elle fait les derniers kilomètres à pied en tenue de tertiaire franciscaine. La mule avec laquelle elle est venue est équipée d’un « mors d’or, d’argent et de pierres précieuses » qu’elle offre à saint Jacques en même temps que sa couronne d’or. L’archevêque la remercia en lui donnant « bourdon et sportule pour qu’elle ressemble à une véritable pèlerine ». En 1612, à l’exhumation du corps de la Rainha Santa, pendant la procédure de canonisation, on a retrouvé la sportule et le bourdon dans un étui d’argent. Il ne reste que le bourdon, à Coïmbra.
Un second récit est celui de l’arrivée de Brigitte de Suède en 1342 qui, selon son biographe, fut introduite sous les voûtes du sanctuaire par les chevaliers de Saint-Jacques. « Elle supplia saint Jacques de protéger la chrétienté et de réveiller chez les fidèles le désir de croisade ». Là se devinent des discussions politiques dont les femmes ne sont pas exclues. Aux pieds de l’apôtre restait le cistercien Dom Svenung, confesseur de Brigitte, miné par un mal chronique dont il fut bientôt guéri. Il eut une vision au cours de laquelle il vit Brigitte couronnée de sept diadèmes, signe qu’elle aura une grâce septuple.
En 1386, la duchesse de Lancastre,Constance de Castille a une manière toute particulière de venir prier saint Jacques. Elle arrive à Compostelle avec son mari le duc de Lancastre, fils du roi Edouard III d’Angleterre qui revendique le trône de Castille, entouré de 800 lances et de 1200 archers. Le duc se dirige sur Saint-Jacques avec « toutes les dames en sa compagnie. Froissart[[28]]url:#_ftn28 raconte :
« Le maréchal de l’ost qui estoit en l’avant-garde s’en vint jusques à le ville que on appelle ou pays Compostelle, ou le corps de saint Jacques que on requiert de si loing gist et est. Quand il fut venu jusques à là, il la trouva fermee… »
Le maréchal anglais demande donc aux Compostellans d’ouvrir leurs portes et ajoute : — « Sachez que, si vous êtes pris de force, vous serez tous mis à l’épée ». Les habitants rappellent qu’ils ont juré fidélité au roi Henri et à son fils Jean, mais les ambassadeurs refusent cet argument. Les habitants comprennent qu’ils ont tout intérêt à s’incliner et viennent en procession porter au duc les clefs de leur ville.
« Ainsi entrèrent pour ces jours en la ville de saint Jacques et le premier voyage que ilz firent, ilz alerent tout droit et à pié à l’eglise de saint Jaques, duc, duchesse et tous les enfants et se mistrent en oraison et a genolz devant le benoist corps saint et baron de saint Jaques et y firent grandes offerandes et biaux dons ».
Vers la fin du XIVe siècle, Le livre de Ponthus, filz du roy de Galice et de la belle Sydoine fille du roy de Bretaigne[[29]]url:#_ftn29 , est un roman écrit selon les grandes traditions des siècles antérieurs : un roi sarrasin débarque près de la Corogne et tue le roi de Galice. La reine s’enfuit avec treize enfants dont son fils, le jeune Ponthus. Les rescapés arrivent en Petite Bretagne où règne le roi Huguet, lequel a une fille unique, Sidoyne, « la plus belle et la plus courtoise ». Ponthus et Sidoine s’aiment mais des aventures dramatiques les séparent pendant sept années. Enfin, Ponthus épouse Sidoine avant de repartir en Galice pour reconquérir son royaume. Il revient vers son épouse puis « ils s’en allèrent à sainct Jacques en Galice en pellerinage puis revindrent en Bretaigne ».
 

Une littérature dissuasive

Les sermons

Ces routes sont des lieux de perdition et occasionnent des dépenses inconsidérées. De beaux sujets pour les sermons. Au XIIe siècle,,Etienne de Fougères[[30]]url:#_ftn30 explique comment une femme mariée peut y rencontrer son amant : elle se dit malade, se fait conseiller un pèlerinage par une amie et obtient le consentement de son mari.
Au siècle suivant, après 1230, c’est l’évêque de Paris, Guillaume, confesseur de la reine Blanche de Castille, qui s’oppose au départ de cette dernière pour Compostelle. Il n’utilise pas l’argument politique mais lui reproche les dépenses somptuaires et superflues ainsi que l’orgueil « pour des parures terrestres et pour montrer [sa] magnificence sur [son] sol natal », dans un « apparat excessif et superflu ». Il la relève de son vœu et l’envoie en pèlerinage chez les Dominicains du couvent Saint-Jacques de Paris auxquels elle doit donner le prix de son voyage en Espgne. Il promet de se porter garant devant le Seigneur au « jour du Jugement ». Il a certainement privé Compostelle de bon nombre de pèlerins puisque cet épisode fut repris par Etienne de Bourbon[[31]]url:#_ftn31 et ainsi diffusé longtemps par les sermons des Prêcheurs.
 
Au XIVe siècle, Le Ménagier de Paris[[32]]url:#_ftn32 , écrit par un bourgeois à l’intention de sa jeune femme, est une longue suite de sermons. L’un d’eux met en scène un généreux mari trompé qui pardonne à sa femme et invente un pèlerinage à Compostelle pour expliquer son absence tout en sauvant sa réputation… et la sienne. L’étonnement des voisins devant le retour de l’épouse tient aussi de ce que ce pèlerinage avait été fait en solitaire. Le texte présente un autre intérêt, montrer comment se passe le retour du pèlerin :
« Il y avait un homme d'une grande sagesse que sa femme avait quitté pour suivre un jeune homme à Avignon. Une fois comblé, celui-ci l'abandonna, pratique courante chez ce genre de jeunes gens. Démunie et désespérée, elle se prostitua, ne sachant de quoi vivre. Son mari l'apprit, en fut fort fâché et trouva la solution que voici : il fit monter à cheval deux des frères de la femme, leur donna de l'argent et leur dit d'aller chercher leur sœur à Avignon, de la revêtir d'une ample robe et de la charger de coquillages à la manière des pèlerins revenant de Saint-Jacques, et de l'accompagner sur une monture convenable ; de le prévenir quand elle serait à une journée de Paris.
 Le sage homme raconta partout en public aux uns et aux autres qu'il était bien content de ce que sa femme s'en revenait en bonne santé, Dieu merci, de l'endroit où il l'avait envoyée. Lorsqu'on lui demandait où il l'avait envoyée, il répondait que c'était à Saint-Jacques en Galice, voilà un certain temps déjà pour faire à sa place un pèlerinage que son père sur son lit de mort lui avait demandé de faire. Tout le monde en fut fort surpris, étant donné les bruits qui auparavant avaient couru sur son épouse. Lorsque celle-ci fut à une journée de Paris, il fit orner sa maison de rameaux de verdure, et réunit ses amis pour aller au-devant de sa femme, marchant à leur tête. Les époux s'embrassèrent et se mirent à pleurer tous deux avant de faire éclater une très grande joie. Il fit dire à sa femme de parler à tous d'une manière joyeuse à voix claire et hardie, et de faire de même devant leurs gens ; une fois à Paris, d'aller rendre visite à toutes ses voisines, l'une après l'autre et de ne laisser transparaître que de la joie. Et l'homme généreux rentra : il avait gardé l'honneur de sa femme ».
Au début du XVe siècle, les très célèbres Quinze joies du mariage[[33]]url:#_ftn33 , caricature féroce de la femme mariée, si elles ne sont pas l’œuvre d’un clerc misogyne, sont néanmoins proches du sermon. La huitième joie traite du pèlerinage. Un malheureux mari, père déjà de plusieurs enfants, voit sa femme encore enceinte. Il craint pour sa vie et, au moment de l’accouchement, « la voue aux saints et saintes, et aussi elle se voue à Notre-Dame du Puy en Auvergne, à Rocamadour, et en plusieurs autres lieux ». L’accouchement passé, il oublie sa promesse. Le printemps revenu, sa femme la lui rappelle en des termes tels qu’il ne peut se soustraire à son vœu. S’il ne veut pas l’accompagner, elle partira avec des amies et son cousin. Il s’effraie et achète chevaux et équipement. La route est un enfer :
« s’il avait vingt valets cela ne suffirait pas ; aussi ne serait-elle pas contente s’il n’avait peine et malheur à démesure. Maintenant elle dit qu’elle a un étrier trop long et l’autre trop court, maintenant il lui faut son manteau ; maintenant le laisse ; puis dit que le cheval trotte trop dur, et en est malade ; maintenant elle descend, et puis il lui faut remonter, et il faut qu’il la mène par la bride pour passer un pont ou un mauvais chemin ; maintenant elle ne peut manger, et il convient que le bon homme, qui est plus crotté qu’un chien, trotte parmi la ville à lui quérir ce qu’elle demande ».
Malgré cela, il n’a que reproches.
« Or ils arrivent au Puy en Auvergne avec quelque peine, et font leurs pèlerinages, et Dieu sait si le bon homme est bien repoussé et serré dans la foule, pour faire passer sa femme ; or sa femme lui donne sa ceinture et ses patenôtres, pour les faire toucher aux reliques et à la sainte image de Notre-Dame ; et Dieu sait s’il est bien pressé, bien coudoyé et bien repoussé. Or y a de riches dames, damoiselles, bourgeoises, qui sont de leur compagnie, qui achètent patenôtres de corail, de jais, ou d’ambre, émaux, ou autres joyaux. Or il faut que sa femme en ait autant que les autres ».
Au retour, toute la maison est en désordre mais, pendant quinze jour, sa femme ne fera rien « sinon parler à ses commères et cousines, et parler des montagnes qu’elle a vues, et des belles choses, et de tout ce qui lui est advenu. Et en plus elle se plaint du bon homme, en disant qu’il ne lui a fait nul service du monde, et qu’elle en est toute morfondue ».
Quel mari lisant cette œuvre sera incité à partir pour Compostelle alors que des sanctuaires moins lointains lui apparaissent inaccessibles en compagnie de son épouse ? C’est d’ailleurs toute la littérature mettant en scène des pèlerines nobles qui semble écrite pour dissuader toute la gent féminine de partir, tant les aventures qui arrivent aux audacieuses sont plus terribles les unes que les autres.

Les mésaventures des princesses de la littérature en pèlerinage à Compostelle

Floire et Blancheflor, vers 1150, raconte l’histoire d’un chevalier accompagnant sa fille à Compostelle, car celle-ci, à la suite de son récent veuvage et sur le point d’être mère avait fait vœu d’accomplir ce pèlerinage. Ils sont attaqués. Le chevalier résiste. Il est tué. La fille est emmenée captive[[34]]url:#_ftn34 . Au début du XIIIe siècle, l’auteur de la Fille du comte de Pontieu[[35]]url:#_ftn35 campe une noble jeune femme et noble mari Thibaut partis en pèlerinage à Compostelle afin de demander un enfant à saint Jacques. Presque arrivés, dans une forêt galicienne, la dame se fait violer sous les yeux de son mari… puis tente de tuer ce dernier pour effacer l'horreur. Thibaut finit seul son pèlerinage et il récupère sa femme au retour. Punition, séparation, aventures de la belle en Orient avec un sultan auquel elle donne une fille… et retrouvailles des époux suivie d’une réconciliation.
En ce même siècle, un poète anonyme écrit la Légende de saint Julien[[36]]url:#_ftn36 , long texte écrit à la gloire de saint Julien, fils unique du duc « Gefroi » d’Angers qui « tient aussi Touraine, Maine et Poitou ». Dans la forêt du Mans au cours d’une partie de chasse, Julien rencontre une bête à « face d’homme » qui lui prédit qu’il tuera son père et sa mère. Il décide de fuir et, dès ce moment se donne à saint Jacques et prend la route de Compostelle. Après de multiples aventures, sur cette route, il délivre un château en combattant un géant réputé invincible… épouse la châtelaine et coule une vie enfin heureuse car il croit son père mort et caduque la prédiction. Mais un jour arrivent à l’auberge du village un couple de pèlerins qui vont « a Saint-Jake en pelerinage » et qui ne sont autres que les parents de Julien. Ils se présentent à l’épouse de Julien qui leur offre sa chambre en attendant le retour de l’époux. Julien rentre, entre dans la chambre, croit y voir sa femme adultère et la prédiction s’accomplit, il tue ses parents. Julien et la comtesse Clarisse, accablés, décident de se faire pèlerins sans espoir de retour. Ils partent à Rome où le pape leur donne l’absolution à condition qu’ils créent un hôpital pour pèlerins. Ils reprennent la route, à la recherche de ce lieu, vont jusqu’à Saint-Jacques puis fondent et gèrent l’hôpital demandé, près d’une rivière. La comtesse se fait servante, cuisine, jardine, lave, épouille. Un soir, un lépreux arrive, qui veut dormir avec elle ! C’est le Christ, qui disparaît. Ils sont assassinés par des larrons qui les croient riches.
Au siècle suivant, Jean de Saint-Quentin[[37]]url:#_ftn37 écrit le Dit des annelés, encore un sombre drame propre à décourager toute personne bien née de s’aventurer sur les routes. Un jeune couple noble part à Compostelle, rencontre en chemin un chevalier qui fait route avec eux et qui finit par séduire la dame. Le séducteur est pendu, la dame jetée sur un bateau sans rames, les doigts serrés dans des anneaux de fer. Par une série de miracles, elle est sauvée, devient hospitalière sur les chemins de Saint-Jacques, retrouve son mari et ses fils revenus en pèlerinage. Ils lui pardonnent, mais elle refuse de rentrer au pays.

L’opinion nuancée d’une grande dame,

En 1405, Christine de Pisan, dans Le Trésor de la cité des Dames, de degré en degré et tous états[[38]]url:#_ftn38 , oscille entre la bienveillance et la critique à l’égard des femmes qui courent les pèlerinages dans leur propre ville. Il ne s’agit donc pas de pèlerinages au long cours, qu’elle n’envisage même pas. Alors qu’au chapitre IX elle approuve une piété discrète dont il ne faut pas avoir honte
« Si grande qu’elle soit, qu’elle ne croie pas qu’il est contre son état d’aller elle-même dévotement et humblement visiter les pardons, les églises et les saintes places. Elle ne doit pas en avoir honte car il si elle a honte de bien faire, elle a honte d’elle-même »
au chapitre XLI elle dénonce la réalité qui entoure le pèlerinage de fêtes et de débordements nuisibles à la bonne réputation d’une femme « d’état »
« Si elle est sage, la femme d’état ne doit pas trouver à faire des pèlerinages hors la ville pour aller jouer ou aller faire la fête en compagnie joyeuse. C’est faire péché et mal. C’est faire de Dieu ombre et chape de pluie. Il n’est pas bon à des jeunes femmes de tant aller trottant par la ville, au lundi à Sainte-Avoye, au jeudi je ne sais où, au vendredi à Sainte-Catherine et ainsi les autres jours. Non pas que nous voulions empêcher de bien faire si elles en ont grand besoin. Mais il vaut mieux l’éviter, vu le péril de jeunesse, sa légèreté et la grande convoitise que les hommes ont communément à attraire les femmes… Et Dieu est partout…
Aussi trop à hanter ces lieux elles ne font que dépenses superflues sans que quelque bien en puisse venir ».
Puisque la place d’une dame bien née n’est pas sur les grandes routes, il ne reste qu’une manière de prier saint Jacques à Compostelle, y envoyer un pèlerin à sa place.
 

Pèlerines par procuration

Au XIVe siècle, la comtesse Mahaut d’Artois[[39]]url:#_ftn39 est l’exemple le plus typique de ce que put être la dévotion d’une princesse à saint Jacques, sans jamais être allée à Compostelle. Sa personnalité et les drames qu’elle a vécus en font une figure féminine princière particulièrement intéressante.
Mahaut est de sang royal, fille de Robert II, comte d'Artois, petite-fille de Robert I, frère de Saint-Louis. Elle fut l’épouse d’Otton IV, comte palatin de Bourgogne, tué à Cassel en 1303. Elle avait eu de lui quatre enfants : Jeanne, née avant 1291, Blanche, née peu après. Robert, né vers 1300, qui mourut brutalement en 1317. Le dernier enfant, Jean, est mort au berceau.
Mahaut était comtesse d’Artois depuis la mort de son père en 1302. Ses deux filles furent tour à tour épouses d’un roi de France, Jeanne épouse de Philippe V le Long, Blanche de Charles IV le Bel, tous les deux fils de Philippe le Bel. En 1314, Jeanne, Blanche et leur cousine Marguerite furent accusées d’adultère et emprisonnées. Jeanne fut enfermée presque un an au château de Dourdan puis son innocence fut reconnue. Elle revint à la cour à Noël 1315. Blanche fut détenue à Château-Gaillard. Elle fut répudiée en 1322 au moment où son mari monta sur le trône. Elle prit alors le voile à l’abbaye de Maubuisson où elle mourut en 1326, âgée d’environ 30 ans. (Quant à Marguerite de Bourgogne, épouse de Louis X, elle était morte dès l’hiver 1315 à Château-Gaillard).
Au milieu de tant de drames touchant sa famille, elle envoie six fois quelqu’un prier pour elle ou sa famille à Compostelle. En 1305, sa fille Jeanne est gravement malade, elle envoie Gauteron : « baillié à Gauteron por aler de Saint-Mandé à Saint-Jaque en Galice por un veu que Madame avoit fait, por notre damoisele qui estoit malade, XXVI livres »[[40]]url:#_ftn40 . En 1312, ce sont deux pèlerins, anonymes qui sont payés dix-neuf livres et quatre sols[[41]]url:#_ftn41 . En 1317, à la mort de son fils, après les funérailles, partent : une pauvre femme à Chelles, un pèlerin à Saint-Louis de Marseille, deux pèlerins à Saint-Didier de Langres, un autre à Saint-Côme et Saint-Damien de Luzarches, un dernier en Galice « pour Robert monseigneur et pour offrendes au saint XI ll. 6 sols »[[42]]url:#_ftn42 . Saint Jacques serait-il invoqué ici comme passeur des âmes ? C’est probable.
En cette occasion apparaît pour la première fois la personnalité d’un de ces pèlerins par procuration, Yvon Le Breton[[43]]url:#_ftn43 , qui est un fournisseur de fourrures de Mahaut, bourgeois de Paris et qui doit voyager en même temps pour ses affaires. Il retourne à Compostelle en 1321[[44]]url:#_ftn44 . En 1326, Mahaut envoie encore Laurent, dit le Vaillant, parisien[[45]]url:#_ftn45 puis, en 1327, Estève Gelerin le Boudenier[[46]]url:#_ftn46  : « Le troisième jour d'avril à Estève Gelerin le Boudenier pour faire le voiage à S. Jaque en Galice pour madame, par marchié fait 9 lb. pour offrande 16 s. en somme IXlb.XVIs. ». Mahaut traite ses affaires en bonne et due forme : elle rédige et fait signer un contrat d’engagement, avec les clauses de départ, les sommes destinées au salaire et celles destinées aux offrandes, la promesse de rapporter une attestation.
La comtesse d’Artois eut-elle une autre façon d’envoyer des pèlerins par procuration ? Par trois fois, elle a prononcé l’envoi de pèlerins pénitentiels à Compostelle[[47]]url:#_ftn47 , l’un en 1307 (il fut gracié ensuite), les deux autres en 1328.
Seuls deux autres exemples peuvent se joindre à ce type féminin de pèlerinage par procuration, Bonne de Berry et Marie de Clèves. En 1384, Bonne de Berry, fille du duc de Berry et épouse d’Amédée VII depuis 1376 envoie deux frères mineurs à Compostelle[[48]]url:#_ftn48 . Quant à Marie de Clèves (1426-1487), épouse de Charles d’Orléans et mère de Louis XII, c’est en 1470 qu’elle envoie à Compostelle un frère prêcheur de Blois, Jean Beauson, chargé d’y offrir en ex-voto un cœur d’or enrichi d’un saphir, d’un rubis et d’une émeraude. Ce cœur, suspendu par une chaîne d’or, supportait à son extrémité inférieure un petit écusson émaillé sur deux faces, aux armes ducales. Le voyage a coûté 13 l. 15 s.[[49]]url:#_ftn49 .
 

Elles ont demandé un pèlerinage dans leur testament

Là encore, on ne les compte que par unités, Jeanne de Fougères et Rose de Bourg.
En 1269, Jeanne de Fougère, comtesse de la Marche et d'Angoulême après la mort de Hugues XII dont elle avait eu sept enfants, par son testament du 28 mai 1269 donne « à tres homes qui iront a Seint Jaque por mes enfanz, vint livres » après qu’elle ait fait « un don à la terre d'Outre-mer de 100 livres si je n’i vois por moi e por ma filhe »[[50]]url:#_ftn50 .
Rose de Bourg, était l’épouse d’Amanieu d’Albret, membre d’une famille apparentée aux plus grandes familles d’Aquitaine, possessionnée en majorité dans le diocèse de Bazas. En 1323, elle avait demandé que son fils Bernard Aiz accomplisse pour elle un pèlerinage à Compostelle après sa mort. Mais, lorsque celui-ci fait à son tour son testament en 1341, il est obligé de confesser qu’il n’a pas accompli la volonté de sa mère. Il demande à ses fils ou à son frère Bernard de Vayres d’exécuter ce vœu à sa place[[51]]url:#_ftn51 , mais rien ne dit que ce fut fait.
 

Des foules qui ont traversé les pays et les siècles

Ces foules évoquées au XIIe siècle sont venues jusqu’à nous par divers intermédiaires. Il y eut tout d’abord le Veneranda dies, ce long sermon inclus dans la première partie du Codex qui donne une longue liste de ces peuples venus à Compostelle, liste qui est recopiée des Actes des Apôtres  (2, 7-11)  auxquels ont été ajoutés les noms des peuples destinataires des épîtres bibliques et quelques noms de pays connus au XIIe siècle :
« Là viennent les peuples barbares et civilisés des régions du globe, à savoir les Francs, les Normands, les Écossais, les Irlandais, les Gaulois, les Teutons, les Ibères, les Gascons, les Bavarois, les Navarrais impies, les Basques, les Provençaux, les Garasques (tarasque ?), les Lorrains, les Goths, les Angles, les Bretons, les Cornouaillais, les Flamands, les Frisons, les Allobroges, les Italiens, les Pouilleux, les Poitevins, les Aquitains, les Grecs, les Arméniens, les Daces, les Norvégiens, les Russes, les Georgiens, les Nubiens, les Parthes, les Romains, les Galates, les Éphésiens, les Mèdes, les Toscans, les Calabrais, les Saxons, les Siciliens, les Asiates, les Pontiques (Pont-Euxin, la mer Noire), les Bithyniens, les Indiens, les Crétois, les Jérusalemois, les Antiochiens, les Galiléens, les Sardes, les Chypriotes, les Hongrois, les Bulgares, les Esclavons (slaves), les Africains, les Perses, les Alexandrins, les Égyptiens, les Syriens, les Arabes, les Coloséens (colossiens), les Maures, les Éthiopiens, les Philippiens, les Cappadociens, les Corinthiens, les Élamites, les Mésopotamiens, les Libanais, les Cyrrhénéens, les Pamphiliens, les Ciliciens, les Juifs et d’autres peuples innombrables. Toutes les langues, tribus et nations tendent vers lui ».
Il semble que ce texte ait été, comme tous ceux qui composent le Codex Calixtinus, rédigé ou compilé à Vézelay au plus tard dans les années 1155. A peu près au même moment, dans le Pseudo-Turpin, saint Jacques promet à Charlemagne : « et après toi, tous les peuples de l’une à l’autre mer y viendront en pèlerinage… Ils y viendront depuis le temps de ta vie jusqu’à la fin des temps ». Il y eut également, probablement au début du XVe siècle, la fausse bulle relative aux années jubilaires : « … pèlerins innombrables qui, en permanence de toutes parts du monde, convergent » vers Compostelle
Les papes eux-mêmes ont répété ces affirmations : en 1884, Léon XIII invite à reprendre le chemin de Compostelle : «… immense multitude de pèlerins accourant de presque toutes les contrées de la terre ». En 1954 Pie XII, confirmant les années jubilaires, évoque les « rois, plébéiens, évêques et moines, chevaliers et roturiers, artistes et savants, jongleurs et troubadours, affluaient et refluaient, en alluvion irrésistible et constante, tout au long du chemin de Saint-Jacques ». En 1982 encore, Jean-Paul II affirme : « arrivaient ici de France, d’Italie, d’Europe centrale, des pays nordiques et des nations slaves, des chrétiens de toutes conditions sociales, des rois jusqu’aux plus humbles habitants des hameaux ». 

De symbole en symbole, derrière qui marchent les femmes d’aujourd’hui ?

Après
 
[[1]]url:#_ftnref1 MPL 83, col. 51 et 1287.
[[2]]url:#_ftnref2 H. Guillotel, « Les origines du ressort de l’archevêché de Dol », Mémoires de la société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, 1977, p.31-68, d’après les anciens catalogues épiscopaux de la province de Tours, Paris, 1890, p. 95 n.1 ; Robert Fawtier, La vie de saint Samson, Paris, 1912, I, 43-44, p. 138-140.
[[3]]url:#_ftnref3 Chronique de Flavius Lucius Dexter († en 444 ou en 616), pseudonyme de Roman de La Higuera qui, à la fin du XVIe siècle, compose au nom de plusieurs chroniqueurs du VIIe siècle (éd. Fr. Bivarii, 1619 puis Migne, P.L. T. XXXI, p. col. 1-6350)
[[4]]url:#_ftnref4 id, P.L. t. XXXI, col. 135 : Rediens Jacobus Gallias invisit, ac Britannias, ac Venetiarum oppida, ubi prædicat; ac Hierosolymam revertitur, de rebus gravissimis consulturus Beatam Virginem et Petrum.
J. Usserio, alias James Uscher , Britannicarum ecclesiarum antiquitates, Londini, 1687, p.3-4 et 388 localise  Venetiarum oppida  par cette note : in Britannia Armorica . On peut aussi traduire par Venise, ce qu’on n’ont pas manqué de faire les Vénitiens, qui conservent également un chef de saint Jacques.
[[5]]url:#_ftnref5 Fausse chronique dite par La Higuera « chronique de Heleca, évêque de Saragosse » (†903) (voir note 35) 
[[6]]url:#_ftnref6 Du Bois-Olivier J. , Floriacensis vetus bibliotheca benedictana, sancta, apostolica, pontifica, cæsarea, regia, franco-gallica… cum utroque xysto… Lugduni, 1605, 3 vol. en 1 tome, vol. 2 p.195.
[[7]]url:#_ftnref7 André de Fleury, Vita Gauzlini, abbatis Floriacensis monasterii, éd. R.H. Bautier et G. Labory, Paris, 1969, § 16-17, p. 48-51 ; Cheval, C. « Donation par Robert, comte d’Avranches à l’abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire des églises de Saint-James et Saint-Hilaire-du-Harcouët », Revue de l’Avranchin et du Pays de Granville, t. XLIII, n°249, déc. 1966, p. 182-184.
[[8]]url:#_ftnref8 Tessier G., Recueil des actes de Charles le Chauve, roi de France , 2 vol., Paris, 1952, t.II, n°246 p.54 et n° 379 p.349
[[9]]url:#_ftnref9 Pouget, Marc du, Recherches sur les chroniques latines de Saint-Denis, thèse de l'Ecole des chartes, Paris, 1978, d'après le manuscrit de la  “ Descriptio clavi et corone Domini ”, éd. K. Rauschen, Die Legende Karls des Grossen im XI. und XII. Jahrhundert, Leipzig, 1890 (Publ. der Geselschaft für Rheinische Geschichtskunde).
[[10]]url:#_ftnref10 Suger, Œuvres complètes, éd. Lecoy de La Marche, Paris, 1867, De administratione XXXIII, p.196 et 201, et Chartes, n°X, p.354 présence de reliques de saint Jacques à Saint-Denis ; Bur M., Suger, Paris, Perrin, 1991.
[[11]]url:#_ftnref11 Ramachers J., Das Grab Karls des Grossen und die Frage nach dem Ursprung des Aachener Oktogons, Historisches Jarhrburch, n°75, 1956, p.124-126.
[[12]]url:#_ftnref12 Doublet J., Histoire de l’abbaye de S. Denys en France, Paris, 1625, p.207. Cette épée figurait encore dans le Trésor au XVIIe siècle.
[[13]]url:#_ftnref13 Guenée B., Les grandes Chroniques de France, Les lieux de mémoire, dir. P. Nora, Paris, Gallimard, 1986, t.II, La Nation, p.195, 202-203, 206, 211
[[14]]url:#_ftnref14 Turin, arch. de l’Etat, section I duché de Genveois, 8 / 8, éd. E. Demole, Mémoires et documents de la société d’histoire et d’archéologie de Genève, 2e série, t.II, 1886, doc. XII, p. 71-73
[[15]]url:#_ftnref15 Guillaume Chamossi, compilation pour une Vie de Bernard de Menthon, Archives du Grand-Saint-Bernard, ms. 36, fol. 1, l. 13-15, éd. AASS Junii II p.1074, Vita §1, col. 2 (faussement attribué à Richard de Val d’Isère, év. de Novarre en 1123)
[[16]]url:#_ftnref16 Minois G., Du Guesclin, Paris, Fayard, 1993, p.271 et svtes.
[[17]]url:#_ftnref17 Guillaume de Newburg, Historia rerum anglicarum, éd.  R . Howlett, Rolls series 82 (Sassier p. 164)
[[18]]url:#_ftnref18 Guillaume de Tyr, Historia rerum in partibus transmarinis gestarum, R.H.C., Histoire occidentale, t. I
[[19]]url:#_ftnref19 Vita sanctæ Birgittæ, éd. Claes Annerstedt, Scriptores rerum Suecicarum, Upsaliae, 1871, t.III-2, chap. XIV,  p.185-206 ; Revelationes S. Birgittæ, éd. J. Keerbergium, Anvers, 1611, Livre VI, chap. 36 ; Révélations célestes de Ste. Brigitte, Paris, trad. Jacques Ferraige, Paris, 1624, éd. 1850, t.III, p.303.
[[20]]url:#_ftnref20 Guérin, Paul, « Recueil des documents concernant le Poitou contenus dans les registres de la Chancellerie de France », Archives historiques du Poitou, t. XXXV, 1906, n° MXXXXCII, p. 448-449.
[[21]]url:#_ftnref21 l.d. Saint-Giraud, cne. Chantecorps, Deux-Sèvres, arr. Parthenay, cant. Ménicoute.
[[22]]url:#_ftnref22 Il resta de cette visite un acte (disparu) signé de la reine et donné aux chanoines de Compostelle ; Lettres de Louis XI, éd. J. Vaesen et E. Charavay, Paris, S.H.F., 1883-1898, 10 vol., t.III, n°245, p.47-48 ; Longueval, J., Histoire de l'église gallicane, Paris, 1ère éd.1730-1734, 4e éd. 1825-1828, 25 vol., t. XXI, p.38 ; Duclos, C.P., Histoire de Louis XI, Paris, 1745, 3 vol., t.II, p.127.
[[23]]url:#_ftnref23 Lettres de Louis XI…  t.III, n°268
[[24]]url:#_ftnref24 Lettres de Louis XI… t.III, n°275
[[25]]url:#_ftnref25 d’après les comtes de la ville, Bulletin de la commission de la langue, de l’histoire et des arts en France, t. II, 1853-1855, p. 363
[[26]]url:#_ftnref26 Fierville, Charles, Le cardinal Jean Jouffroy et son temps, Coutances, 1874, p. 190-200.
[[27]]url:#_ftnref27 Généalogie des rois du Portugal, 1530-1534, Londres, British library, ms. Add 12531
[[28]]url:#_ftnref28 Jean Froissart, Chroniques, éd. S. Luce puis L. Mirot, Paris, Société de l’Histoire de France, 1869-1975, 15 vol., t.XII, § 97 p. 302, § 99 p. 309, § 100 p. 314.
[[29]]url:#_ftnref29 Le livre de Ponthus éd. fac-similé Claude Dalbanne, Livres à gravures imprimés à Lyon au XVe siècle, notice E. Droz, Paris, 1926
[[30]]url:#_ftnref30 Etienne de Fougères, Le livre des manières, éd. L. DelisleParis, 1873, t. II, p. 73-74.
[[31]]url:#_ftnref31 Etienne de Bourbon, Anecdotes historiques, éd. Lecoy de La Marche, Paris, 1877, p.389
[[32]]url:#_ftnref32 1393, chap. I, VIII.
[[33]]url:#_ftnref33 Les quinze joies de mariage, éd. Jean Rychner, Genève, 1963.
[[34]]url:#_ftnref34 Conte (Le) de Floire et Blanchefleur, éd. J.L. Leclanché, Paris, 1986, p.11, v. 93-104
Bossuat R., Floire et Blancheflor et le chemin de Compostelle, Mélanges E. Li Gotti, Palerme, 1962, 3 vol. (Centro di studi filologici e linguistici siciliani. Bollettino n°6-8), n°6 p. 263-273
[[35]]url:#_ftnref35 La fille du comte de Pontieu, éd. Clovis Brunel, Paris, 1926, p. 3-10
[[36]]url:#_ftnref36 Legende vom heiligen Julianus, éd. A. Tobler, Archiv für Sudium der neuien Sprachen und  Litteraturen, t. CII, 1899, p.109-178
[[37]]url:#_ftnref37 Jehan de Saint-Quentin, Le Dit des annelés éd. A. Jubinal, Nouveau recueil de contes, dits, fabliaux et autres pièces inédites des XIIIe, XIVe et XVe siècles, Paris, 1839 ;
éd. B. Munk Olsen, Dits en quatrains d’alexandrins monorimes de Jehan de Saint-Quentin, S.A.T.F., 1978, p. 188-216
[[38]]url:#_ftnref38 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1019177#
[[39]]url:#_ftnref39 Favier (Jean), Philippe le Bel, Paris, Fayard, 1978
Richard (Jules-Marie), Loriquet, (Jean), « Note sur les pèlerinages à Saint-Jacques-de-Compostelle », Bulletin de la commission des Antiquités départementales ou Monuments historiques du Pas-de-Calais, t. VI, n°3, 1885, p. 183-186 ; Richard (Jules-Marie), Une petite-nièce de saint Louis, Mahaut, comtesse d’Artois et de Bourgogne (1302-1329), Paris, 1887 ; Richard (Jules-Marie), « Le tombeau de Robert l’Enfant », Mémoires de la société de l’histoire de Paris et de l’Ile-de-France, t.VI, 1879, p.290-299.
[[40]]url:#_ftnref40 Arch. Pas-de-Calais, A 199, fol. 96v°, Trésor des chartes d’Artois, compte de l’hôtel de la princesse Mahaut, 1304
[[41]]url:#_ftnref41 Arch. dép. Pas-de-Calais,  A 300 / 70, Trésor des chartes d’Artois, quittance
[[42]]url:#_ftnref42 Arch. dép. Pas-de-Calais, A 354 / 1, Trésor des chartes d’Artois, frais de funérailles de Robert d’Artois
[[43]]url:#_ftnref43 Arch. dép. Pas-de-Calais A 202 Trésor des chartes d’Artois, quittances ; A 474 et A 480, comptes ; A 483, Trésor des chartes d’Artois, quittance
[[44]]url:#_ftnref44 Arch. dép. Pas-de-Calais A 398 / 78, Trésor des chartes d’Artois, attestation du trésorier de Compostelle (parchemin en mauvais état)
[[45]]url:#_ftnref45 Arch. dép. Pas-de-Calais, A 453 / 55, Trésor des chartes d’Artois, quittances
[[46]]url:#_ftnref46 Arch. dép. Pas-de-Calais, A 458, Trésor des chartes d’Artois, Compte de l’hôtel de la comtesse d’Artois, offrandes et aumônes.
[[47]]url:#_ftnref47 Deuxième cartulaire d’Artois, pièce 26. Cartulaire perdu, Arch. dép. Pas-de-Calais, A 71 / 1, A 72 / 24Trésor des chartes d’Artois
[[48]]url:#_ftnref48 Barcelone, Arch., Registre de la chancellerie de la Couronne d’Aragon n° 1817, fol. 161
Vielliard, Jeanne, « Pèlerins d'Espagne à la fin du Moyen Age. Ce que nous apprennent les sauf-conduits délivrés aux pèlerins par la chancellerie des rois d’Aragon entre 1379 et 1422 », Homenatge a Antoni Rubio et Lluch, Barcelone, 1936, t. II, p. 281
[[49]]url:#_ftnref49 Paris, bibl. nat. ms.lat.17059, pièce n°182, chambre des comptes de Blois, Catalogue des titres d’Orléans, U. Robert, t. XI, 769 ; Maulde-La-Clavière, Histoire de Louis XII, Paris, 1889, 2 vol., t.I, p.253-254
[[50]]url:#_ftnref50 Paris, Arch. Nat., J. 106, Trésor des chartes, testaments, 2e série, n.3, éd. Hélice Berger, Layettes du Trésor des Chartes, t.IV, 1902, p. 341-344 ; Delisle, Léopold, « Chronologie historique des comtes de la Marche issus de la maison de Lusignan », Bulletin de la société archéologique et historique de la Charente, 4e série, t.IV, 1866, p. 1-16.
[[51]]url:#_ftnref51 Arch. dép. Pyrénées-Atlantiques, E 27.