Institut recherche jacquaire (IRJ)

Les chemins de Compostelle 1er Itinéraire culturel européen ?


Rédigé par le 26 Janvier 2017 modifié le 10 Juillet 2022
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Une page méconnue de l'histoire des Itinéraires culturels



Un concurrent sérieux

La Grande Région (5 régions, 4 pays, 3 langues, 2 cultures, 65 401 km2)  se situe dans le cœur historique de l’Europe à moins de 300 km de Paris, de Bruxelles, de Rotterdam et de Francfort, à moins de 600 km de Londres, de Berlin de Prague et de Milan. Située entre les grandes conurbations formées par Bruxelles, la zone Rhin-Ruhr, la région Rhin-Main, la zone Rhin-Neckar, Bâle/Mulhouse et Paris, la Grande Région rassemble  :

  • Allemagne : la Sarre et la Rhénanie-Palatinat,
  • France : la Lorraine,
  • Le Grand-Duche de Luxembourg,
  • Belgique : la Wallonie, la Fédération Wallonie-Bruxelles, la Communauté germanophone
En 1987, le Conseil d'orientation des Itinéraires culturels a reconnu l'intérêt du patrimoine rural de cette région, menacé de disparition.
 
 

Un réseau d'acteurs du développement rural

RED, Ruralité Environnement Développement
RED est une association internationale créée en 1980, à l'initiative de personnalités de 9 pays. Elle anime un réseau d'acteurs du développement rural présents dans 15 pays européens. Elle est dotée du statut d'organe consultatif auprès du Conseil de l'Europe.
Son objectif est la mise en place d'une politique rurale européenne construite sur une approche globale, intégrant les notions de développement, de culture et d'environnement. Elle s'est également préoccupée de l'action culturelle et de la préservation du patrimoine hérité des savoir-faire ruraux.

Un colloque qui réserve une surprise

Le 25 septembre 1987, un mois avant la proclamation solennelle à Compostelle de la définition des chemins de Compostelle comme Premier Itinéraire culturel européen, RED a inauguré l'Itinéraire culturel européen du patrimoine rural de la Grande Région.
Cette inauguration a eu lieu à Wellenstein à la suite du colloque " Patrimoine rural et développement local " organisé par le Conseil de l'Europe.
Plus de quatre cents personnes ont participé à la fête organisée pour célébrer ce premier itinéraire culturel européen, tracé à travers la Grande Région .

Fiche de cet Itinéraire.  Ce lien conduit dorénavant à une page d'erreur. Il était encore valide et vérifié lors de la première rédaction de cet article
La page vers laquelle pointait ce lien aurait-elle été supprimée après cette publication ?
Ce serait un mauvais service rendu à l'histoire. Tout le monde aurait pu comprendre que l'habitat rural passe après le pèlerinage.

Retour à Wellenstein A quoi bon supprimer la réalité. La technique au service de l'histoire ! Les archives Internet sont riches de milliards de pages. Peut-être quelques dizaines d'autres existent-elles encore, conduisant à ce lien censuré.
 

Une initiative effacée

Depuis 1982, l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe était saisie d'une demande de l'Espagne en faveur des chemins de Compostelle. Un important lobbying d'associations " d'amis de saint Jacques ", dont René de La Cost-Messelière, président de la Société française des amis de saint Jacques, était un homme influent, s'exerçait à Strasbourg. A Gand, en 1985, une grande exposition avait été consacrée à Compostelle.
Et voila qu'une malencontreuse décision était prise, mettant en avant les racines agricoles de l'Europe plus que les racines spirituelles vantées par Jean-Paul II en 1982.  Cette décision en faveur de la Grande Région ne pouvait que blesser l'orgueil espagnol, nuire à la gloire de l'apôtre, entamer, avant même qu'elle ne soit établie, la renommée de Compostelle que l'on voulait construire et déplaire à l'Eglise espagnole sinon à l'Eglise universelle
Il fut donc déclaré haut et fort que le second Itinéraire défini était le premier. Et tout le monde s'en contenta comme de toutes les légendes qui circulent à propos de Compostelle.
Le véritable premier Itinéraire figurait encore à la seconde place de la liste des itinéraires culturels en 2003. Nous ne savons pas quand il en a été retiré.
Indépendamment des considérations précédentes concernant le désir d'honorer Compostelle et l'Espagne, il est clair que les chemins de la Grande Région ne faisaient pas le poids vis à vis des autres Itinéraires définis par la suite dont certains sont maintenant qualifiés de Grands Itinéraires.

La sagesse paysanne de la Grande Région en a pris son parti.

Le triomphe de Compostelle et son exploitation

Dans l'histoire de Compostelle, la dimension politique a toujours pris le pas sur l'importance spirituelle. En 1987, des intérêts politiques et touristiques (donc économiques), travestissant la réalité, sont une fois de plus venus accroître la notoriété de Compostelle.
La Commission de la Culture du Conseil de l'Europe avait souligné que le sanctuaire galicien n'était qu'un parmi de nombreux autres. La décision de 1987 en a fait  l'archétype des pèlerinages médiévaux. La recherche historique a montré le nombre et l'importance des autres sanctuaires où était vénéré saint Jacques.
La pratique contemporaine donne, elle, une nouvelle inflexion. La politique intervient peu au service de Compostelle dont l'image et la réputation sont bien établies. Nous assistons plutôt à une utilisation de Compostelle à des fins politiques. En France la région du Puy-en-Velay en est l'exemple le plus criant. Compostelle est utilisée aussi à des fins de promotions commerciales les plus diverses.
Mais l'important n'est pas là.

Une nouvelle culture pèlerine

Une première composante en est la vénération de saint  " Camino ", nom que porte aujourd'hui l'Itinéraire culturel. Saint Jacques passe progressivement au second plan. Il y en a d'autres sur lesquelles nous reviendrons car leur exposé dépasse le cadre de cet article.