1. CREATION DE LA LEGENDE : UNE STRATEGIE POLITIQUE.
Saint Jacques tueur d'Espagnols, œuvre en argent du milieu du XIX° siècle, réalisée à Cusco, Pérou. Un soldat espagnol est écrasé par un cheval monté par l’apôtre saint Jacques.
Que les restes de l’Apôtre Saint Jacques ne soient pas à Compostelle est une affirmation courante de nos jours, sûrement entendue dans maints débats ou forums relatifs au phénomène jacquaire. Même s’il est possible que cette idée soit peu répandue, il y a de profondes raisons historiques et de solides arguments pour qu’elle soit confirmée.
Pour d’autres auteurs qui défendent cette thèse, le doute commence à propos du lieu retiré de la découverte de Santiago. Nous considérons qu’elle n’est pas le fruit du hasard. En Galice, et précisément à Compostelle, il fut tenté d’en finir avec les séquelles d’une tradition embarrassante pour le catholicisme : le priscillianisme. Priscille fut le premier Chrétien tué par des Chrétiens, en 385, exécuté à Trèves, et translaté par ses disciples en un lieu indéterminé de Galice, où son culte s’enracina profondément. Et ainsi, comme en bien d’autres occasions, l’Eglise a essayé d’utiliser l’apôtre saint Jacques pour rechristianiser une tradition (hérétique), le priscillianisme, qui n’avait pu être extirpée ni par l’épée ni par le feu.
Tout au long de l’histoire, de nombreuses voix se firent entendre pour défendre cette thèse, non seulement dans les cercles progressistes, athées ou Protestants, mais également au sein même de l’Eglise catholique. La papauté eut des réticences à admettre l’élément-clé de la tradition jacquaire : la présence des restes de l’Apôtre en Galice.
Louis Duchesne, ou l’écrivain Ramon Chao, ou l’historien Britannique Henry Chadwick, enseignant d’Oxford, avancent que ce n’est pas saint Jacques qui serait enterré à Compostelle, mais Prisciliano.
(Ndt : Vraisemblablement l’évêque hérétique Priscille de Avila, 340-385,). Pour d’autres auteurs qui défendent cette thèse, le doute commence à propos du lieu retiré de la découverte de Santiago. Nous considérons qu’elle n’est pas le fruit du hasard. En Galice, et précisément à Compostelle, il fut tenté d’en finir avec les séquelles d’une tradition embarrassante pour le catholicisme : le priscillianisme. Priscille fut le premier Chrétien tué par des Chrétiens, en 385, exécuté à Trèves, et translaté par ses disciples en un lieu indéterminé de Galice, où son culte s’enracina profondément. Et ainsi, comme en bien d’autres occasions, l’Eglise a essayé d’utiliser l’apôtre saint Jacques pour rechristianiser une tradition (hérétique), le priscillianisme, qui n’avait pu être extirpée ni par l’épée ni par le feu.
L ‘aspect essentiel de la légende est la présence des restes de l’apôtre à Compostelle, présence qui a été remise en question pratiquement dès sa prétendue découverte, vers 810-830, réside dans le fait qu’entre les V° et X° siècles existe un culte croissant des apôtres. En ces temps-là, apparitions et exhumations de corps de saints ou de reliques n’étaient pas rares, et constituaient de forts utiles instruments pour appuyer des prétentions politiques ou pour obtenir divers avantages économiques sous forme d’aumônes ou de dons, raisons pour lesquelles il était très important que ces reliques et dépouilles fussent reconnues comme porteuses de forces surnaturelles, ainsi que l’entérina le Concile de Nicée de 787.
La légende dit qu’en un lieu obscur et perdu de Galice, un ermite du nom de Paio (sans doute Pelayo, le mot portugais de « Paio » signifie en français « saucisson »…), observa des lueurs et entendit des chants. Il en conclut qu’il était en présence d’une manifestation surnaturelle. Il décida d’en référer à l’evêque (Théodomir) d’Iria Flavia (de nos jours : Padron), pour qu’il vienne sur place et découvre la sépulture, qu’une révélation divine lui avait fait savoir qu’elle était celle de saint Jacques, raison suffisante pour ne pas pousser plus avant authentifications diverses ou autres validations archéologiques…
Le contexte économique, politique et religieux du début du IX° siècle le favorisait beaucoup. On ne s’embarrassait alors d’aucune légitimation apostolique, et des reliques qui apparaissaient dans ce lieu de façon aussi opportune le favorisaient. Non seulement au royaume de Galice : Alphonse II n’y détenait qu’un pouvoir et une autorité constamment contestés par la noblesse, mais encore dans le contexte politique et religieux du fait de la présence musulmane dans la péninsule Ibérique, qui occupait le centre religieux chrétien de Tolède.
Théodomir et Alphonse II ne pouvaient que bénéficier mutuellement de l’apparition de saint Jacques de cette manière. La sépulture de l’apôtre servirait de justification idéologique à la monarchie. En échange, celle-ci cédait en 834 un territoire de 3 « milles » autour du sépulcre. Ceci faisait passer le terrain de la juridiction du roi à celle des Evêques d’Iria par délégation. La concession fut plus tard portée à 6 « milles », puis à 30 « milles », devenant de la sorte la propriété terrestre de saint Jacques, dans laquelle les résidents serviraient les evêques.
Derrière cette découverte apparemment fortuite et religieuse se cache une réelle manœuvre politique, qui fortifie le prestige du royaume de Galice, qui obtient ainsi une indépendance religieuse vis-à-vis de l’Eglise mozarabe de Tolède, … (Ndt : Tolède ne fut reconquise qu’en 1085 par Alphonse VI), … et articule un pouvoir autour de deux axes qui s’entraident : la monarchie galicienne, basée à Oviedo, et l’Eglise, à Compostelle. Une authentique théocratie à deux têtes : roi et evêque.
(Ndt : ceci est comparable à la situation actuelle de l’Andorre, sous la double principauté de l’evêque de Seo de Urgel et du président de la République Française, qui en a hérité de la Monarchie capétienne).
Mais comment le corps de saint Jacques, mort à Jérusalem, a-t-il pu atterrir à Compostelle ?
Les récits de la révélation et de la Translation du corps de l’apôtre vers la Galice sont très postérieurs à sa découverte. Une légende de la Translation fut composée au X° siècle et confirmée aux XI° et XII° siècles. L’attitude de la monarchie fut d’abord d’utiliser le fait jacquaire pour ensuite essayer de le démanteler, parce que l’attitude de l’Eglise était identique, vu que Rome pouvait subir un grave préjudice avec l’apparition à Compostelle d’un centre apostolique concurrent, qu’elle ne pouvait tolérer.
Le pape Grégoire VII exposa sa conception de l’affaire dans une lettre de 1075 à Alphonse VI : ignorer l’évangélisation de la péninsule par saint Jacques et rappeler que celle-ci fut réalisée par Paul. Mais la révélation et la Translation furent finalement un baume pour la papauté après le conflit avec Byzance, quand celle-ci rompit avec Rome en 1054, pour assurer sa domination sur la péninsule ibérique et éviter un nouveau schisme. Ainsi fut confirmée la tradition compostellane.
2. L’ASSISE ECONOMIQUE : LE« VOTO » DE SANTIAGO.
Le culte de l’apôtre généra une énorme opération rentable dont bénéficièrent quelques privilégiés : les institutions ecclésiastiques, en charge du culte, et la monarchie castillane.
(Ndt : à partir du haut de la colonne de droite de cette page 3, toute sa partie de droite est rognée lors de la photocopie, rendant le texte très difficilement accessible).
Selon cet ingénieux auteur, cette délivrance fut acquise grâce à l’intervention de l’apôtre à la bataille de Clavijo, où il apparut en chevalier armé, tuant de nombreux ennemis, permettant ainsi aux Chrétiens de vaincre les Musulmans. Après la bataille, Ramire I° décida de faire offrande du tribut à Santiago (le tribut devant désormais être payé en céréales par les agriculteurs de la contrée). Cette fantaisiste invention du Tribut de Santiago, qui fut mijotée par l’Eglise catholique elle-même et qui la diffusa avec son authentification officielle, eut deux importantes conséquences.
L’origine de ce privilège est dû aux habitants des régions soumises au « Voto » (le Tribut) de Santiago, instauré à partir d’une falsification. Ceci fut démontré en 1678 quand le Conseil de Castille établit que l’Assemblée de Santiago se fondait sur une lettre du XII° siècle, dont la fausseté était évidente.
(Ndt : à partir du haut de la colonne de droite de cette page 3, toute sa partie de droite est rognée lors de la photocopie, rendant le texte très difficilement accessible).
Le privilège de l’Assemblée fut élaboré par Pedro Marcia, chanoine de la cathédrale de Santiago, essayant de donner une assise documentée à un revenu se substituant à l’ancien tribut dû chaque année à l’Emir Abd al-Rahman II, constitué, selon la légende, de la livraison de 100 vierges pour les harems de Cordoue, jusqu’à ce que la victoire de Clavijo (en 844) les en délivre.
Selon cet ingénieux auteur, cette délivrance fut acquise grâce à l’intervention de l’apôtre à la bataille de Clavijo, où il apparut en chevalier armé, tuant de nombreux ennemis, permettant ainsi aux Chrétiens de vaincre les Musulmans. Après la bataille, Ramire I° décida de faire offrande du tribut à Santiago (le tribut devant désormais être payé en céréales par les agriculteurs de la contrée).
En premier lieu, l’archevêque du Chapitre de la cathédrale et la monarchie castillane confirmèrent leur position de classe exploitante, soumettant davantage le peuple politiquement et économiquement, le clergé et la monarchie encaissant d’énormes bénéfices grâce au tribut de Santiago, qui fut encaissé jusqu’en 1834.
En second lieu, grâce à cette légende, l’image de l’apôtre se transforma et se militarisa, de pèlerin devenant « Chevalier à l’épée », ce qui fut fort utile pour justifier la Reconquête, et facilitant l’apparition du groupe militaire de l’Ordre de Santiago (l’Ordre de Saint Jacques de l’Epée).
L’Eglise ne fut pas seule à bénéficier du tribut de Santiago. La monarchie castillane va aussi l’utiliser, déjà pour construire l’Hôpital Royal de Compostelle. Cette création de l’Hôpital Royal fut clairement une opération destinée à trouver prétexte pour s’ingérer dans les affaires de Galice, cherchant à pérenniser un contrôle castillan sur la nation galicienne, ainsi qu’un contrôle sur les institutions les plus puissantes de Galice, le monastère Saint-Martin et l’archevêché. Cette politique prit corps grâce à l’existence de l’Hôpital Royal dans Compostelle, ce qui équivalait à créer une institution royale dans la ville dont était propriétaire l’archevêque.
3. LA MULTIPLICITE DES CORPS DE SAINT JACQUES EN EUROPE.
Après la mort de saint Jacques au I° siècle en Palestine, son corps apparaît en de multiples circonstances et de nombreuses localisations géographiques tout au long de l’histoire. Même après la supposée découverte du corps au début du IX° siècle à Compostelle, un doute constant s’est établi. Il y eut toujours des voix critiques contre la légende et même la papauté fit preuve de réticences, à preuve les années écoulées avant qu’un pape n’assure son authenticité. Ce qui démontre suffisamment que la légende de la découverte était difficile à admettre même pour le pape.
Mais la coexistence en divers lieux d’Europe des reliques était un tout autre problème. Le plus paradoxal était qu’il n’y eut qu’un seul Jacques le Majeur, et que l’Eglise catholique admette que ses restes, voire son squelette en entier se trouvât au même moment en différents endroits. De fait, la tombe de Compostelle n’était pas unique, mais en même temps elle se devait d’être la plus importante. La connaissance de l’existence de la tombe de saint Jacques à Compostelle n’était pas encore généralisée au XII° siècle, et, à la même époque, ses restes étaient vénérés à Jérusalem ! Les dates parlent d’elles-mêmes : en 1165, un pèlerin allemand, Joam de Würzburg, visite Jérusalem et y voit le crâne de l’apôtre. L’existence de cette relique était fort gênante, parce qu’elle remettait en question le transfert du corps de saint Jacques après sa mort hors de Palestine. De même ce témoignage de Croisés qui visitèrent ses reliques en Terre Sainte et rapidement en expédièrent certaines en Europe, mais pas toutes.
Le culte de l’apôtre saint Jacques à Compostelle ne fut jamais unique durant la Moyen Age. Des recherches dans les archives en France conduisent à constater que furent vénérés des corps de saint Jacques à Angers, « Toulousse » (? Tolosa ?), Berry ou Echirolles - ici sans tête -, et qu’il y avait aussi d’autres reliques à Arras et Toulouse, et de moindres morceaux en d’autres lieux.
De tous ces corps, celui de Toulouse était le plus perturbant, et de nombreux pèlerins exprimèrent leur étonnement de constater la double présence de l’apôtre à deux extrémités du Chemin. Pour des pèlerins qui durant le Bas Moyen Age revenaient de Compostelle, on ne leur avait pas montré le vrai corps du saint, parce qu’ils considéraient que le véritable corps se trouvait à Toulouse. Dans cette ville même, en 1460, l’archevêque Bernard du Rosier affirma avoir trouvé un document que dans cette église, fondée par Charlemagne, se trouve le corps de saint Jacques. La multiplicité des présences des corps et reliques à travers toute l’Europe fut défendue et soutenue sans hésitation par l’Eglise durant tout le Moyen Age, en s’appuyant même sur l’existence de documents qui authentifiaient la présence de saint Jacques en divers lieux, et pas seulement à Compostelle. Dans l’optique actuelle, ceci serait suffisant pour dénoncer toute authenticité de ces corps et reliques diverses.
4. LE CHEMIN DE SAINT-JACQUES.
Le Chemin de Saint-Jacques qui profite du réseau des voies romaines et des routes médiévales fut en outre le début d’une route économique et commerciale entre les territoires septentrionaux de la péninsule Ibérique et ceux situés au-delà des Pyrénées. Les rares pèlerins qui s’acheminaient vers Compostelle avaient une apparence religieuse, mais en réalité leurs motivations étaient profanes : diplomatiques, commerciales, politiques, ou l’aventure…Rares étaient ceux qui parcourraient le Chemin pour une unique question religieuse. Quelques-uns avec un motif de piété, mais toujours en échange d’une récompense : indulgences, pardons pour fautes graves…D’autres enfin faisaient le Chemin parce que l’Eglise affirmait que saint Jacques soignait les maladies et libérait de la pauvreté.
Ainsi, le Chemin utilisa une route économique qui préexistait et les pèlerins qui accouraient à Compostelle étaient quelques riches voyageurs ou négociants, parce que les classes populaires ne pouvaient s’absenter de leurs familles, laisser leur travail et leurs obligations pour un temps si long.
5. DECOUVERTES ET DISPARITIONS DE SAINT JACQUES.
(Ndt : Ici également, toute la colonne de droite de la page 5 est rognée à la photocopie sur la droite. ).
Après la mort de saint Jacques en Palestine, selon l’invraisemblable légende compostellane, son présumé corps fut retrouvé à Compostelle, dans un lieu très éloigné de l’endroit où il mourut. Mais la ferveur religieuse entourant le saint, supposé se trouver à Compostelle, fut telle qu’en 1589, l’archevêque Jean de Saint-Clément décida de cacher ses restes, dispersés dans différents reliquaires de la cathédrale, par crainte d’une incursion de corsaires anglais.
Dès lors, le corps n’apparaîtra plus pendant environ 300 ans. Il semble probable que les interrogations sur les traditions jacquaires de la part des historiens et critiques historiques du moment influèrent notablement sur le fait qu’ils ne réapparaissaient plus, supposant que si saint Jacques s’était si longtemps absenté, c’est qu’il n’y avait pas de corps de saint Jacques. En réalité, cette situation résultait du fait que jamais le culte de saint Jacques et les pèlerinages ne furent alors un phénomène de masse.
La réapparition de l’apôtre saint Jacques à Compostelle après trois siècles d’oubli se produisit en 1878. La découverte n’eut aucune origine surnaturelle ou religieuse, mais résulta de motifs économiques, religieux et politiques, et fut l’œuvre du cardinal Payá et de son successeur Martin de Herrera... La découverte des restes de l’apôtre en 1878 est l’axe principal autour duquel l’Eglise s’est organisée pour récupérer un rôle décisif d’ordre politique, économique et social. La précarité de la position de l’Eglise en ce moment, résultant de mesures économiques : politique de désamortissement, … (Ndt : mise aux enchères par l’Etat de biens immobiliers improductifs de l’Eglise) …mettant fin à des privilèges, ou d’évolution sociale : déclaration de la liberté religieuse en 1869, incita les Catholiques à créer les moyens d’augmenter l’influence positive de l’Eglise dans la société pour lui faire obtenir de nouveaux avantages économiques.
( Ndt : Ici cette fois, c’est la colonne de gauche qui a été rognée à gauche à la photocopie. Comme précédemment, j’ai essayé d’extraire un sens général plutôt que de tenter une traduction plus serrée).
Parallèlement, l’Eglise compostellane se procurait ainsi un contrôle sur le clergé…. (texte trop écorné, incompréhensible)…
Le strict plan de fouilles ordonné par Payá comportait un présupposé : la possibilité que les restes de saint Jacques cachés en 1589 l’eussent été dans la cathédrale, et ainsi, fatalement, ceux-ci devraient y être retrouvés. Il ne fallut que quatre années de travail pour retrouver trois squelettes entiers, qui furent identifiés comme ceux de l’apôtre et de ses disciples. On peut trouver surprenant que les restes du saint, qui en 1589 se trouvaient dispersés dans différents reliquaires, réapparurent finalement à la fin du XIX° siècle en un squelette entier !
Pour évaluer le résultat des fouilles, le cardinal Payá nomma une commission scientifique pour déterminer l’authenticité de la réapparition. Celle-ci était présidée par Antonio Casares, un chimiste, assisté de Francisco Freire et Timóteo Sanchez, deux médecins, tous spécialistes aussi professionnels que catholiques prosélytes et dévots. Avec de si brillantes références, on ne peut douter du contenu des conclusions…À l’appui de si respectables conclusions, Léon XIII, par sa Bulle « Deus Omnipotens », reconnut ces restes comme authentiques.
Après la mort de saint Jacques en Palestine, selon l’invraisemblable légende compostellane, son présumé corps fut retrouvé à Compostelle, dans un lieu très éloigné de l’endroit où il mourut. Mais la ferveur religieuse entourant le saint, supposé se trouver à Compostelle, fut telle qu’en 1589, l’archevêque Jean de Saint-Clément décida de cacher ses restes, dispersés dans différents reliquaires de la cathédrale, par crainte d’une incursion de corsaires anglais.
Dès lors, le corps n’apparaîtra plus pendant environ 300 ans. Il semble probable que les interrogations sur les traditions jacquaires de la part des historiens et critiques historiques du moment influèrent notablement sur le fait qu’ils ne réapparaissaient plus, supposant que si saint Jacques s’était si longtemps absenté, c’est qu’il n’y avait pas de corps de saint Jacques. En réalité, cette situation résultait du fait que jamais le culte de saint Jacques et les pèlerinages ne furent alors un phénomène de masse.
La réapparition de l’apôtre saint Jacques à Compostelle après trois siècles d’oubli se produisit en 1878. La découverte n’eut aucune origine surnaturelle ou religieuse, mais résulta de motifs économiques, religieux et politiques, et fut l’œuvre du cardinal Payá et de son successeur Martin de Herrera... La découverte des restes de l’apôtre en 1878 est l’axe principal autour duquel l’Eglise s’est organisée pour récupérer un rôle décisif d’ordre politique, économique et social. La précarité de la position de l’Eglise en ce moment, résultant de mesures économiques : politique de désamortissement, … (Ndt : mise aux enchères par l’Etat de biens immobiliers improductifs de l’Eglise) …mettant fin à des privilèges, ou d’évolution sociale : déclaration de la liberté religieuse en 1869, incita les Catholiques à créer les moyens d’augmenter l’influence positive de l’Eglise dans la société pour lui faire obtenir de nouveaux avantages économiques.
( Ndt : Ici cette fois, c’est la colonne de gauche qui a été rognée à gauche à la photocopie. Comme précédemment, j’ai essayé d’extraire un sens général plutôt que de tenter une traduction plus serrée).
Parallèlement, l’Eglise compostellane se procurait ainsi un contrôle sur le clergé…. (texte trop écorné, incompréhensible)…
Le strict plan de fouilles ordonné par Payá comportait un présupposé : la possibilité que les restes de saint Jacques cachés en 1589 l’eussent été dans la cathédrale, et ainsi, fatalement, ceux-ci devraient y être retrouvés. Il ne fallut que quatre années de travail pour retrouver trois squelettes entiers, qui furent identifiés comme ceux de l’apôtre et de ses disciples. On peut trouver surprenant que les restes du saint, qui en 1589 se trouvaient dispersés dans différents reliquaires, réapparurent finalement à la fin du XIX° siècle en un squelette entier !
Pour évaluer le résultat des fouilles, le cardinal Payá nomma une commission scientifique pour déterminer l’authenticité de la réapparition. Celle-ci était présidée par Antonio Casares, un chimiste, assisté de Francisco Freire et Timóteo Sanchez, deux médecins, tous spécialistes aussi professionnels que catholiques prosélytes et dévots. Avec de si brillantes références, on ne peut douter du contenu des conclusions…À l’appui de si respectables conclusions, Léon XIII, par sa Bulle « Deus Omnipotens », reconnut ces restes comme authentiques.
6. FRANCO RESTAURE LE CULTE JACQUAIRE.
Le Matamore tel qu'on ne le voit plus à Compostelle
En 1937, Franco restaure la consécration de la nation à saint Jacques, le reconnaissant comme patron d’Espagne, et fixe au 25 juillet la date de la fête nationale. Année après année, il envoie des centaines d’officiers et de soldats devant l’autel de l’Obradoiro, image qui fut malencontreusement associée à la restauration des Bourbons et de la démocratie, alors que de la sorte il infestait la capitale de Galice de forces de répression et d’occupation espagnole.
Ensuite, à la suggestion de Franco, Pie XI concède une année sainte extraordinaire en 1938, cérémonie de consécration à laquelle il fut représenté par son beau-frère, Serrano Suñer, avant de visiter lui-même Compostelle comme pèlerin…
Ainsi sera créée la machine de propagande de Franco, avec la collaboration orgueilleuse de l’Eglise catholique. La relance de la tradition jacquaire sera toujours associée au franquisme : l’Eglise, même, baptisera la guerre civile de « Croisade ».
Précisément, un ministre de Franco, Manuel Fraga Iribarne, d’origine galicienne, (entre autres l’inventeur du slogan « España es diferente ») officialisera une proposition du dictateur et organisera, cette fois en partenariat avec l’Eglise, une célébration Jacquaire et une année sainte Compostellane en 1993. Une super opération touristique, destructrice de nos ressources naturelles et négatrice de notre propre culture, qui s’est donc transformée en phénomène économique beaucoup plus que religieux.
Ensuite, à la suggestion de Franco, Pie XI concède une année sainte extraordinaire en 1938, cérémonie de consécration à laquelle il fut représenté par son beau-frère, Serrano Suñer, avant de visiter lui-même Compostelle comme pèlerin…
Ainsi sera créée la machine de propagande de Franco, avec la collaboration orgueilleuse de l’Eglise catholique. La relance de la tradition jacquaire sera toujours associée au franquisme : l’Eglise, même, baptisera la guerre civile de « Croisade ».
Précisément, un ministre de Franco, Manuel Fraga Iribarne, d’origine galicienne, (entre autres l’inventeur du slogan « España es diferente ») officialisera une proposition du dictateur et organisera, cette fois en partenariat avec l’Eglise, une célébration Jacquaire et une année sainte Compostellane en 1993. Une super opération touristique, destructrice de nos ressources naturelles et négatrice de notre propre culture, qui s’est donc transformée en phénomène économique beaucoup plus que religieux.