Institut recherche jacquaire (IRJ)

Le parti d'en rire


Rédigé par le 4 Décembre 2013 modifié le 1 Février 2024
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Après Le-Puy en Velay, Narbonne fait appel à Compostelle pour sa publicité régionale avec l'appui des vins du Languedoc. Elle le fait toutefois avec plus de respect de la tradition en n'oubliant pas son saint local. Mais elle sacrifie au merveilleux en authentifiant la légende du pèlerinage de saint François. Et elle n'hésite pas à mettre en avant une histoire travestie par la Galice au service d'intérêts politiques et économiques.Elle se voue à saint Jacques mais, espérons que, par la gràce de saint François, l'oeil qu'elle tourne vers Assise la protégera de se vouer à saint Camino. Tous les inconditionnels d'une fausse tradition s'en réjouissent.
Nous avons pris le parti d'en rire pour ne pas en pleurer.



La Paul-Serge aux coquilles Saint-Jacques, sauce Saint-François

Le parti d'en rire
Notre correspondant en Languedoc nous a fait parvenir en exclusivité la recette de la grande salade qui sera servie à Narbonne pendant les festivités organisées les 10 et 11 décembre 2013 en l'honneur de saint Paul-Serge.

Cette salade composée nous semble particulièrement savoureuse.
Elle s'inspire du  même esprit qui préside à la préparation de l'information habituellement donnée aux pèlerins de Compostelle, elle s'accorde avec la nourriture intellectuelle proposée à longueurs d'articles dans les revues spécialisées et se trouve en harmonie avec l'ambiance médiatique créée autour du Chemin.
Nous nous faisons un plaisir de partager cette recette.

Ingrédients :
- un saint local
- deux saints internationaux
- quelques bons morceaux d’animaux totémiques
- une forte dose de mauvaise foi
- du vin de Languedoc
- une sélection de produits locaux
- du « bon manger » galicien

Recette :
Depuis deux semaines, les pièces de viande ont été coupées en dés, arrosées de vin de Langudoc et mises à mariner.
Les cuisiniers suivront ensuite le mode opératoire suivant :
La veille de la dégustation, couper les produits locaux choisis en fines tranches, bien mélanger et arroser abondamment d’eau bénite, laisser macérer une nuit puis filtrer. Soutirer le vin dans lequel a macéré la viande, mélanger avec le filtrat de l’eau des légumes, conserver au frais pour faire déguster au cocktail de Presse qui fera la publicité de la recette. Mélanger la viande et les légumes, laisser reposer au frais après avoir ajouté les produits laitiers fraîchement arrivés de Galice. Au dernier moment, décorer avec des coquilles Saint-Jacques. Juste avant de servir faire bénir au moins par un archevêque, (deux si possible).

Pour faire apprécier cette salade, les cuisiniers comptent sur l’ignorance des convives et sur la notoriété de Compostelle.Elle sera servie dans une grande coquille à un carrefour de la ville après qu'un spécialiste ait montré qu’il est à la croisée de chemins historiques parcourus par saint François. Et il fera croire qu'il est allé à Compostelle en dépit de ce qu'en savent aujourd'hui ses biographes franciscains.
 

Jetons un oeil dans la cuisine ....

L'équipe de cuisiniers est composée de représentants de la ville de Narbonne et sa Commission Archéologique et Littéraire, des autorités religieuses, du Comité Interprofessionnel des Vins du Languedoc,du Gouvernement de Galice avec ses experts.

Le menu complet


Cette heureuse initiative nous fait penser à la légende de Pénélope. Sa beauté la faisait désirer par nombre de prétendants. S’agissant des chemins de Compostelle, Narbonne et sa salade ont déjà des rivaux l’un avec sa tour Eiffel, un autre avec un grand saint européen.
Nous craignons qu’ils se retrouvent, tels Pénélope, à défaire leur ouvrage et à transformer progressivement un rêve en cauchemar à force de l'avoir travesti.