Institut recherche jacquaire (IRJ)

Le Conseil de l'Europe et Compostelle : la dérive


le 21 Décembre 2017 modifié le 3 Mai 2023
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La déclaration faite à Santiago en 1987, définissant les chemins de Compostelle premier Itinéraire culturel européen, fut la fin d'un long processus, commencé avant la fin du XIXe siècle. Le présent article rappelle schématiquement les trois dernières étapes dont Strasbourg, siège du Conseil de l'Europe, a été le théâtre. Voir nos autres articles sur le sujet, dont, en particulier : " Le Conseil de l'Europe et Compostelle : l'audace "



1982, Le souhait d'une association espagnole

L’Itinéraire culturel européen a pour origine le souhait d'une action en faveur du chemin de Compostelle exprimé en mai 1982 dans une lettre adressée au Conseil de l’Europe par une associations galicienne Los amigos de los Pazos  (Les amis des châteaux). Surestimant l'importance du Chemin de Saint-Jacques et son intérêt pour l'Europe, elle affirmait :
- il revêt une dimension internationale
- il constitue un bien commun à tous les Européens
- il fait partie de leur patrimoine artistique et religieux
- il constitue un moyen de communication entre tous les peuples d’Europe
- il occupe d’importantes pages de leur histoire,
Sur ces bases, elle demandait au Conseil de :
* Reconnaître le Chemin de Saint-Jacques comme un « bien culturel commun de l’Europe » en raison de la richesse de son patrimoine artistique, des valeurs spirituelles qu’il incarne et du fait qu’il a constitué un des premiers éléments de communication entre les peuples d’Europe ;
* Recommander aux Etats membres
- de procéder à la restauration des monuments jalonnant le chemin qui le nécessitent ;
- d’encourager la réalisation d’études et de recherches consacrées au Chemin de Saint-Jacques et la diffusion des valeurs qu’il incarne.

1984, Avis de la commission de la Culture

En 1984, après avis de la commission de la Culture, le Conseil de l’Europe émit un avis favorable tout en recommandant : « d’élargir cette perspective à d’autres itinéraires internationaux de pèlerinage, en s’inspirant de l’exemple du chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle ».
Il ouvrait ainsi toutes les routes de pèlerinage à une coopération culturelle européenne, tout en soulignant leur caractère symbolique.
 

1987 Déclaration de Santiago

Logo défini pour le premer Itinéraire culturel européen
Logo défini pour le premer Itinéraire culturel européen
Le Conseil de l'Europe a choisi de faire à Santiago la lecture de la déclaration proclamant le premier Itinéraire culturel européen.

Préambule de la déclaration

" L'identité culturelle européenne est le fruit de l’existence d’un espace européen chargé de la mémoire collective et parcouru de chemins qui surmontent les distances, les frontières et les incompréhensions ".

Un seul Itinéraire retenu

Le Conseil de l’Europe propose  la revitalisation de l’un de ces chemins, celui qui conduisait à Saint-Jacques de Compostelle. Ce chemin, hautement symbolique dans le processus de construction européenne, servira de référence et d’exemple pour des actions futures ».

Du symbole à la géographie

La déclaration faisait appel aux autorités, institutions et citoyens pour
- Poursuivre le travail d’identification des chemins de Saint-Jacques sur l’ensemble du territoire européen ;
- Etablir un système de signalisation des principaux points de l’itinéraire par l’utilisation de l’emblème proposé par le Conseil de l’Europe.

Ils auraient pu rester un symbole.

Cela n'a malheureusement pas été le cas. Des itinéraires ont été tracés et balisés sur la base d'hypothèses du début du XXe siècle que les historiens savaient erronées.  La justification des tracés par des considérations historiques est restée le plus souvent fantaisiste.