Institut recherche jacquaire (IRJ)

A Marols, une clé de linteau énigmatique


Rédigé par le 28 Juillet 2011 modifié le 30 Avril 2023
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Au cours d'un de ses pèlerinages, Robert P. a remarqué la clé du linteau de la chapelle du cimetière du village de Marols dont l'interprétation ne lui a pas semblé simple. Il s'est tourné vers la Fondation en écrivant à Denise Péricard-Méa.



La question posée à Denise Péricard-Méa

A Marols, une clé de linteau énigmatique
Madame,
Je suis un lecteur intéressé par vos ouvrages. J’ai noté vos critiques des appellations, historiquement fausses, de certains chemins de pèlerinage francais. Je parcours ces chemins depuis plus de dix ans sans jamais avoir été dupe de leur appellation (la "Voie de Vézelay", vous ne l'ignorez bien sûr pas, connait par exemple deux versions avec guide). C'est ainsi que je viens d'être pèlerin du Puy par la voie Bolène et que je me suis posé des questions au sujet de la clef du linteau de la chapelle du cimetière de Marols (XVIIe). Elle représente un bourdon avec une gourde et une ancre entre-croisés surmontés d’une croix, sur le côté opposé à la patte de l’ancre figure une coquille. Voici donc réunis des symboles pèlerins et nautiques. J'interprète « Batelier passeur (l'ancre marine) sur la Loire toute proche de pèlerins en route vers Le Puy ». Je serais heureux d'avoir votre avis.
Robert P.
 

La réponse de Denise Péricard-Méa

Monsieur,
Merci de vos encouragements et surtout merci d’avoir attiré mon attention sur Marols que je ne connaissais pas. Les pèlerins grands marcheurs, qui, comme vous, posent de telles questions sont rares. J’y réponds d’autant plus volontiers.
A ma connaissance, cette chapelle est dédiée à saint Roch, souvent représenté en costume de pèlerin, avec coquilles, ce qui pourrait justifier les attributs du pèlerin sur ce linteau. En regardant votre photo, j’étais d’emblée d’accord avec votre proposition d’interprétation concernant la possibilité d’une référence à des mariniers. Il faudrait la conforter par une vérification de la proximité d’un cours d’eau qui aurait pu être navigable. Pourriez-vous préciser ce point ? Il m’a semblé nécessaire d’approfondir l’étude des autres éléments. Je suis allée voir ce qu’en disent les offices du tourisme et je lis : « Le blason... indique que la chapelle était autrefois dédiée à saint Jacques ». Il n’y a aucune précision et l’on peut craindre que cette indication ne soit liée au chemin de pèlerinage contemporain. Au stade actuel des recherches, on ne peut donc rien affirmer au vu de ce blason. La dédicace à saint Roch peut faire penser que la chapelle a été construite par des personnes sauvées de la peste. Le fait qu'il s'agisse d'une chapelle de cimetière peut orienter vers une chapelle construite en mémoire des victimes. Il peut aussi s'agir des deux. L’ancre permet d’imaginer qu’il s’agit de mariniers. Outre saint Roch, les attributs de pèlerins peuvent être mis en relation avec le grand sanctuaire le plus proche, Notre-Dame du Puy.
Faire de ce blason le signe d’un quelconque rapport avec Compostelle, même si aujourd’hui le village est situé sur la voie contemporaine Cluny-Le Puy, est une hypothèse hardie, bien en rapport avec les habitudes actuelles mais qu’aucun indice ne permet de formuler. Comme toujours quand on se lance dans la recherche, une question en appelle une autre. C’est ce qui est passionnant.. Qu’en disent les guides des pèlerins ? Seriez-vous disposé à poursuivre cette recherche ?