Institut recherche jacquaire (IRJ)

Compostelle et saint Jacques sur le site de la cathédrale du Puy

Des erreurs et une source inattendue


Rédigé par Louis Mollaret le 4 Juin 2009 modifié le 12 Juin 2010
Lu 5164 fois

Les commentaires et informations donnés dans cette note font suite à la visite du site de la cathédrale du Puy. L’attention est appelée sur le fait qu’il ne s’agit pas du site du diocèse.



Erreurs et approximations

La lecture de ce site fait apparaître un certain nombre d’erreurs. Certaines d’entre elles tendent manifestement à montrer l’importance jacquaire du sanctuaire de la capitale du Velay en lui rattachant des événements liés au sanctuaire marial. Les autres sont les affirmations classiques du discours convenu sur le pèlerinage à Compostelle utilisées par tous ceux qui profitent du pèlerinage. Les extraits du site de la cathédrale figurent ci-dessous entre « ». Nos commentaires suivent. • « 10 ans d'inscription au Patrimoine mondial ... » L'inscription des chemins de Saint-Jacques en France au Patrimoine mondial résulte d'un subterfuge. 71 monuments ou sites et 7 tronçons du GR 65 ont seuls été classés « au titre des chemins de Compostelle » puis considérés comme un seul Bien pour justifier le classement de l’ensemble. La confusion est savamment entretenue. L'UNESCO a bafoué ses propres règles.« C'est dans les oeuvres de Didyme d'Alexandrie que l'on peut lire pour la première fois que l'un des apôtres avait prêché la foi en Espagne. Toujours d'après le remarquable travail de l'abbé Anglès, on sait que l'on retrouve la même information chez St Jérôme, dans ses Commentaires sur Isaïe, écrits en 412 et chez son contemporain Théodoret d'Antioche ». Les textes cités ne précisent pas de nom d’apôtre. Cette mission d'évangélisation est beaucoup plus généralement attribuée à saint Paul.« Avec la montée en puissance du nombre de pèlerins, un Hôtel-Dieu est construit au XIIe siècle, » « Dès 1677, l’Hôtel-Dieu ne suffit plus à accueillir tous les pèlerins, un Hôpital général est construit à proximité et inauguré en 1687 par l’évêque du Puy ». Le contexte peut laisser penser qu’il s’agit de pèlerins de Compostelle. Il s'agit de pèlerins venus vénérer Notre-Dame du Puy. Il conviendrait de le dire.« le chemin de Saint-Jacques, … prend naissance, au début de la via podensis». Le chemin ne prend pas naissance au Puy, même le dernier Livre du Codex Calixtinus, traduit en 1938 sous le titre Guide du pèlerin, indique qu’une route « passe par Le Puy » « la dômerie d’Aubrac, fondée au Xème – XIème siècle, pour abriter et secourir les pèlerins égarés dans le froid, le brouillard, la neige » La dômerie n'a pas été construite « pour les pèlerins » mais pour contrôler un territoire convoité par plusieurs diocèses. Elle a accueilli tous les voyageurs, dont des pèlerins qui n'allaient pas tous à Compostelle comme le montre une liste du XIVe siècle indiquant les sanctuaires de destination. La mention du Xe siècle est sans doute optimiste. La première mention officielle date du début du XIIe. « Le Puy est l’un des principaux points de départ du pèlerinage depuis qu’un évêque du Puy, Godescalc, a choisi en 950 de rejoindre le tombeau de l’apôtre … accompagné de 95 personnes » Le Puy n'a pas été point de départ depuis Godescalc. Il est inexact de dire que cet évêque a ouvert la route du Puy. Le diocèse du Puy possède-t-il des archives sur le nombre de ses accompagnateurs ? Le texte source mentionne seulement "qu'il est accompagné d'une suite nombreuse".« dans les années 50 un historien, René de la Coste Messelière s'intéresse au pèlerinage et y consacre sa vie. Il fonde la Société des amis de Saint-Jacques » Ce n'est pas René de La Coste-Messelière qui a fondé la Société. Le premier président a été Jean Babelon à la fondation en 1950. René de La Coste-Messelière a rejoint la Société en 1952, il en a été président-associé en 1972 et président en 1978.« C'est au 12e siècle que la fréquentation du pèlerinage semble avoir été la plus grande et c'est à ce moment là que parait le premier « guide du pèlerin de Saint-Jacques » par Aymerie Picaud. » Le dernier Livre du Codex Calixtinus, devenu Guide du Pèlerin en 1938, n'est pas paru au XIIe siècle, il s'agit bien d'un manuscrit rédigé à cette époque qui a été très peu copié et n'a sans doute jamais servi de guide avant d'être utilisé par l'abbé Bernès au début des années 1970. « Les moines de l'abbaye de Cluny prendront une part active au développement de ce pèlerinage » Aucun spécialiste de Cluny n'a jamais confirmé cette affirmation. Cluny a construit des églises partout. Les relations entre Cluny, Compostelle et Rome n'ont pas eu pour objet de développer le pèlerinage. Enfin il serait bon de distinguer « saint Jacques »l’apôtre de « Saint-Jacques », ville, église, chemin, …

Source des informations de la cathédrale

La lecture du site de la cathédrale du Puy suscite en outre des inquiétudes sur l’esprit dans lequel risque d’évoluer le pèlerinage à Compostelle si l’Eglise de France n’y est pas attentive. Ces articles sur le pèlerinage sont réalisés "d'après le remarquable travail de l'abbé Anglès". Le site indique en effet : « L'ensemble de ses notes ont été réalisées à partir de l'article de l'abbé Ramon Anglès intitulé "Le Chemin de Compostelle" ». Le site ne donnant pas la source de cette référence, la Fondation a fait des recherches sur Internet. Ces recherches à partir de Google ont appris : - que l'article a été publié en 2004 par une revue de la Fraternité Saint Pie X - que l'abbé Anglès est « un poulain de Mgr Williamson ». Ci-dessous les liens permettant de vérifier ces informations. - origine de cet article : Nouvelles de Chrétienté n° 88, "Le chemin de Compostelle" Abbé Ramon Anglès. Cet article est accessible à partir : du site - auteur de l’article : l’abbé Ramon Angles, que Mgr Williamson a mis en avant pour remplacer Mgr Fellay à la tête de la FSSPX aux chapitres de 1994 et 2006, information provenant du site