Institut recherche jacquaire (IRJ)

Réponse à des questions de pèlerins


Rédigé par le 27 Juillet 2009 modifié le 29 Avril 2023
Lu 7206 fois

Les visiteurs des sites de la Fondation (devenue IRJ) réagissent à nos positions et nous dialoguons volontiers avec eux. Nous avons reçu plusieurs questions dont les réponses nous semblent devoir intéresser les visiteurs
au delà de ceux qui les ont posées.



Poursuite de l'échange

Effectivement l'historien est rarement certain d'avoir en sa possession tous les documents qui lui seraient utiles. Il est le plus souvent persuadé du contraire, ce qui ne l'empêche pas d'avoir une démarche scientifique pour exploiter ce dont il dispose.
Faits et interprétation ?
Les deux sont à considérer. Les pèlerins peuvent voir dans le musée de la cathédrale de Compostelle un ciboire (généralement appelé calice) offert par le Maréchal Pétain. C'est un fait tangible. Il a été apporté à Compostelle par l'ambassadeur de France à Madrid en 1943. C'est un autre fait que l'on peut découvrir par l'exploitation des archives diplomatiques. Bien entendu il n'y a pas dans ces archives de lettre personnelle du Maréchal à l'ambassadeur permettant d'approcher ses motivations profondes. Il reste le discours de l'ambassadeur, la connaissance de l'histoire de la France et de l'Espagne ... cela permet des interprétations. 
Voir : http://www.saint-jacques.info/ciboire_Petain.htm
Un exemple : le postulat des foules pèlerines
Il y a une dizaine d'années les millions de pèlerins, traduction contemporaine de foules médiévales, étaient souvent mentionnés. La Fondation a entrepris de rechercher le plus ancien texte qui parle de ces foules. Ceci nous a permis de fournir une explication à leur origine.
Voir : http://www.saint-jacques.info/millions_origine.htm
Avant la Fondation, René de La Coste-Messelière avait eu une autre approche. Faisant les hypothèses que les hôpitaux sur les chemins avaient été construits pour les pèlerins, qu'ils ne recevaient qu'eux et que les pèlerins allaient tous à Compostelle il avait fait des estimations conduisant à un nombre de pèlerins de 4 à 500 000 par an. Daniel-Rops, auteur renommé, a cité ce nombre "à peine croyable" (voir Sur le chemin de Compostelle, p. 2) qui traîne encore dans la littérature contemporaine et imprègne les esprits. Il s'est transformé en postulat que personne ne vérifie plus : au Moyen Age il y avait des foules de pèlerins de Compostelle. Postulat sur lequel s'est développé le pèlerinage contemporain.

Nous ne combattons pas des idées mais des méthodes, des résultats et ceux qui les propagent sans discernement contribuant à la diffusion d'informations erronées. C'est le cas par exemple du journal La Croix qui à l'occasion de la fête de saint Jacques a écrit que "selon la Tradition ses reliques sont à Compostelle". Non il ne s'agit pas de Tradition mais de légende devenue tradition. Le mot Tradition a, dans l'Eglise catholique, un sens précis : " la Tradition est plus qu'une transmission intellectuelle. elle s'appuie sur la parole de Dieu confiée par le Christ et par l'Esprit saint aux apôtres qui la transmettent à leurs successeurs pour qu'ils la gardent vivante et la transmettent avec fidélité " (définition du site www.cef.fr).  

Travailler sérieusement, ce n'est pas vouloir convertir à nos idées. Nous sommes friands de contacts avec des personnes qui réfléchissent et acceptent d'entreprendre un travail de recherche en relation avec les cultes à saint Jacques, Compostelle ou d'autres pèlerinages quel qu'en soit l'objet précis. Nous acceptons volontiers que nos résultats de recherche soient contestés par des chercheurs, pas par des pèlerins qui les mettent en cause après lecture d'un ouvrage de seconde main, la découverte d'une coquille ou d'une pièce de monnaie. Nous sommes conscients qu'il n'y a pas de vérités immuables et que les connaissances évoluent. Nous nous opposons à ceux qui en font des dogmes.
S'agissant de la connaissance de Compostelle, le XIXe siècle reste encore un domaine d'étude. Bédier et Mâle ont marqué leur époque. Les résultats de leurs travaux ne sont pas intangibles. Beaucoup de villes ont des quartiers Saint-Jacques. Les expliquer par le pèlerinage à Compostelle n'est pas satisfaisant. Voila quelques une des questions qui s'ouvrent à un travail sérieux.
Chemins de Compostelle.
S'agissant des chemins nous sommes conscients de l'intérêt des chemins contemporains pour beaucoup de personnes qui sans eux n'auraient jamais marché. Nous cherchons cependant à en libérer tous ceux qui le peuvent pour leur éviter la plongée dans le conformisme.
En savoir plus sur nos recherches
Pour intéresser à nos travaux la communauté scientifique des sciences humaines et y chercher des concours, nous avons ouvert un carnet de recherches : [http://saintjacquesinfo.hypotheses.org/
  qui donne un autre aperçu de nos activités.