Extraits de la revue Compostelle n° 14-15, 2e-3e trim. 1963
Voici donc un quart de siècle que nous avons rouvert le camino frances ! Il y avait bien deux cents ans que les Français avaient déserté, du moins en groupe, ce chemin qu’ils avaient créé et doté de leur nom.
Nous parcourûmes ainsi ce que j’appellerai le triomphe français, de la frontière à Santiago. Ceux qui n’y étaient jamais venus s’y sentaient naturellement chez eux. Il y a dans cette ville presque entièrement celte un air de famille qui s’empare aussitôt du Français.
Un peu de science lui fait connaître les archevêques de jadis qui furent ses compatriotes. S’il approfondit encore les fouilles des constructions de Gelmirez, comme on l’a fait depuis quelques années, il touche du doigt, avec certitude, le Tombeau de l’Apôtre qui mangea et but avec le Christ ressuscité. Enfin, il peut nourrir une humble mais solide fierté de continuer l’oeuvre de la Nation et de l’Abbaye qui, délibérément, créèrent et entretinrent le chemin.
Et il était bien vrai que, les Français revenus dans le millénaire chemin français, tout rentrait dans l’ordre. Nous n’avons pas laissé, chaque année, par invitations et pèlerinages, de faire revivre la fraternité chrétienne de l’Espagne et de la France dans cet axe privilégié.
Nos hôtes d’honneur se sont appelés par exemple, à Santiago, le cardinal Feltin, Monseigneur Blanchet, Monseigner Veuillot ou les dirigeants de la ville de Paris, et à Paris, l’archevêque Quiroga ou les alcades de Santiago.
Bientôt même il ne sera plus nécessaire de faire des invitations : le chemin est à nouveau frayé, foulé vivant et joyeux.