Institut recherche jacquaire (IRJ)

René de La Coste-Messelière et l'histoire de Compostelle


le 16 Avril 2018 modifié le 1 Février 2024
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René de La Coste Messselière est surtout connu par son action pour la promotion des chemins de Compostelle. Le pèlerinage galicien était pour lui une réalité permanente qu'il convenait d'encourager et de faire connaître par des témoignages matériels du passé, au risque de faire croire que tout pèlerin était un pèlerin de Compostelle.



Héritier d'une histoire écrite avant lui

Membre de la Société des amis de saint Jacques, René de La Coste hérita des connaissances historiques des fondateurs, en particulier Jeanne Vielliard, complétant celles qu'il avait acquises pendant son séjour à Madrid. L'essentiel de son activité fut consacrée au pèlerinage et aux chemins de Saint-Jacques, thème principal de ses publications. Chartiste, il était néanmoins sensible à l'histoire dont il encouragea l'étude. Il devint ainsi l'instigateur de la vision contemporaine de Compostelle. Mais il resta toujours un ardent défenseur de la nécessité de lier recherche universitaire et recherche associative.


Vulgarisateur de l'histoire ancienne

En 1977, deux journalistes, Pierre Barret et Jean-Noël Gurgand, désireux de faire connaître le pèlerinage et de comprendre « qui étaient ces pèlerins innombrables dont le chemin gardait la mémoire ? », marchèrent de Vézelay à Compostelle. Cette idée d’avoir été précédés par des « pèlerins innombrables » leur avait été donnée par une plaque apposée , en 1965, sur la tour Saint-Jacques à Paris à l'initiative de René de La Coste. A leur retour, ils cherchèrent des conseils auprès de Jeanne Vielliard et René de La Coste pour compléter le récit de leur pèlerinage d'une étude sur La vie des pèlerins sur les chemins de Saint-Jacques . Cette étude bénéficia des conseils et des documents que les auteurs obtinrent auprès de la Société. Elle fit l’intérêt durable de leur livre, Priez pour nous à Compostelle. En le préfaçant, René de La Coste apporta sa caution à l'histoire qu'il racontait. Ce livre peut être considéré comme le meilleur ouvrage de vulgarisation représentant les idées de la Société, à laquelle les auteurs abandonnèrent leurs droits. Il fut un succès, au moment où les premiers chemins de Compostelle étaient tracés en France. Son histoire mythique de Compostelle devint histoire officielle.
La 4e de couverture médiatisa largement cette image du pèlerinage médiéval :
Par milliers, par millions, la besace à l’épaule et le bourdon au poing, ils quittaient les cités, les châteaux, les villages et prenaient le chemin de Compostelle. Gens de toutes sortes et de tous pays, ils partaient, le cœur brûlant, faire leur salut au bout des terres d’occident, là où la mer un jour avait livré le corps de l’apôtre Jacques.

A l'origine d'un renouveau de l'histoire de Compostelle

En bon chartiste, René de La Coste connaissait l’importance d’une étude critique des textes. Il l’avait manifesté en particulier en 1980, au colloque de Fanjeaux Assistance et charité, en introduisant une précaution à propos des hôpitaux Saint-Jacques :
il ne nous échappe pas que le vocable Saint-Jacques ne suffisait pas à décerner une vocation pèlerine aux établissements en question, mais il a cependant valeur indicative.
Il savait ce qu’il pouvait attendre d’une vision d’historien sur le pèlerinage. Aussi, lorsqu’en 1983, au retour de son pèlerinage à Compostelle, Denise Péricard-Méa vint l’interroger pour comprendre pourquoi son expérience pèlerine ne correspondait pas à l’histoire racontée par Barret et Gurgand, il lui répondit « nous manquons d’historiens spécialistes de Compostelle, retournez donc à l’Université ».
C'est ce qu'elle fit, poursuivant ses études jusqu'à une thèse de doctorat sur Compostelle et les cultes de saint Jacques au Moyen Age. Au cours de ses études, elle participa à ses travaux. Il lui confia en particulier ses premières fiches sur le patrimoine jacquaire et l'engagea dans l'étude des archives hospitalières. Elle était avec lui à Rocamadour en 1993. En octobre 1995, à la veille de la soutenance de sa thèse, lors du IIe colloque international sur les chemins de Compostelle organisé par l’ACIR à Bordeaux, il la choisit comme modérateur d’une des deux réunions plénières qu’il présidait. Malade, il n’a pu assister à la soutenance de sa thèse ni donner son appréciation à son sujet.
Quelques mois plus tard, sa disparition stérilisait les recherches de la Société qui ne comptait plus un seul universitaire historien dans ses rangs. Fidèle à son souci d'unir recherche universitaire et recherche associative, Denise Péricard-Méa  créa la Fondation David Parou Saint-Jacques, héritière des idées de René de La Coste sur la recherche jacquaire.