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PATRIMOINE CONTEMPORAIN
La création artistique au long des chemins de Compostelle a été encouragée par le Conseil de l'Europe lorsqu'il a défini ces chemins comme premier Itinéraire Culturel Européen. L'exploitation commerciale de l'engouement pour Compostelle par des promoteurs peu scrupuleux auprès d'organismes politiques ou administratifs incompétents a conduit à l'éclosion d'un grand nombre d'oeuvres dans une importante surenchère de ronds-points, statues ou compositions diverses.
Récemment redécouvert par Renaud Arpin, historien de Montgeron, un vitrail de l’église Saint-Jacques de Montgeron semble témoigner d’une rare audace du curé commanditaire, de la donatrice et des Maîtres verriers franco-espagnols. Dans la représentation du martyre de saint Jacques, le bourreau ressemble étonnamment à Hitler. Acte volontaire de résistance ou hasard d'un représentation stylisée ?
Regardez bien la tête du bourreau
Contrairement à ce qui est habituel, le vitrail dédié au saint patron de l'Eglise n'est pas disposé dans l'axe du choeur, il est sur la gauche.Sa scène centrale représente le bourreau s'apprêtant à trancher la tête de l'apôtre, agenouillé à ses pieds. Aucun écrit, ni commande, ni descriptif n'a été retrouvé concernant ce vitrail qui présente une particularité surprenante : très stylisée, la tête du bourreau ne peut manquer de faire penser à Hitler. Une mèche lui barre le front, plus discrète, une moustache peut être vue sous un certain angle.
Cette composition a été mise en lumière par un jeune professeur d’histoire de Montgeron, Renaud Arpin, à l’occasion des Journées du patrimoine 2010. Elle était connue de quelques habitants mais son originalité et surtout le témoignage de l’esprit de résistance qu'il est possible d'y voir n’avaient pas été soulignés. Les maîtres verriers, le chanoine Le Couëdic, curé de la paroisse en 1941 et la donatrice Mme Dumay ont-ils volontairement couru des risques pour afficher ainsi, sous l’œil de l’occupant, le Führer transformé en bourreau ? Ou s'agit-il de l'évolution d'un style interprété soixante-dix ans plus tard ? La question est ouverte. Mais l'hypothèse de l'acte de résistance a d'emblée été acceptée par tous les commentateurs tant elle apparaît exaltante.
La composition de ce vitrail est très intéressante. La scène du martyre est encadrée par un rappel des liens entre saint Jacques et la Vierge.
Au registre supérieur, la vierge est assise avec Jésus dans les bras. Au registre inférieur figure la phrase du Credo des apôtres attribuée à saint Jacques : « Conçu du Saint-Esprit, né de la Vierge Marie ». Cette phrase borde une mandorle au centre de laquelle est représentée une barque de pêcheur avec ses filets. Est-ce la barque de Zébédée que Jacques a quittée pour suivre Jésus, rappelant l’origine de sa mission ? Est-ce l’embarcation qui conduisit le corps de saint Jacques en Galice ? La présence d’un filet fait pencher pour la première interprétation. La barque est surmontée d’une étoile à laquelle le registre supérieur fait écho en présentant la cathédrale de Compostelle soulignée par le nom de la ville. Comment ne pas voir là l’influence espagnole de la famille Mauméjean ? Ce n'est pas l'avis des pèlerins contemporains pour qui la présence de cette église Saint-Jacques à Montgeron est bien la preuve de l'existence d'un chemin de Compostelle passant par Montgeron, ce que confirme le vitrail.
Renaud Arpin a étudié cette question et sa conclusion est que « si l’on ne peut affirmer que notre ville eut autrefois sa place sur le chemin de Saint-Jacques, il semble qu’elle en ait une, même modeste pour les jacquets d’aujourd’hui ».
Quant à la scène du martyre elle-même, outre le personnage du bourreau il est possible de s’interroger sur le symbolisme du personnage que représente saint Jacques. Il était juif et son prénom reflète le nom de Jacob, père des tribus d’Israël ? Représente-t-il le peuple juif qu’Hitler avait entrepris d’exterminer ? Ou, plus largement symbolise-t-il les peuples soumis au joug nazi ? Il ne reste malheureusement pas d’archives connues de cette œuvre. Peut-être Renaud Arpin en trouvera-t-il un jour ?
Le registre inférieur du vitrail
Dimanche 23 Janvier 2011 Fondation Ferpel
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En 1950, Paul Guinard (directeur de l'Institut français en Espagne pendant 30 ans), concluait ainsi un propos sur saint Jacques et le pèlerin dans l’art chrétien :
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