Institut recherche jacquaire (IRJ)

Miracles de la main de saint Jacques de Reading


Rédigé par le 5 Novembre 2019 modifié le 1 Octobre 2022
Lu 585 fois

Ce livre des miracles a été copié, fidèlement semble-t-il dans un manuscrit du début du XIIIe siècle qui doit provenir de Reading bien qu’il soit conservé à la bibliothèque de la cathédrale de Gloucester.
(Gloucester, Dean and Chapter library, ms. 1, fol. 171v°-175v°). L'édition en anglais est de KEMP, (B.), “The miracles of the hand of st. James”, Berks, Archaeological journal, vol. 65, 1970,



Reading, Miracle I (1155-1156)

Un certain shériff de Surrey, nommé Mauger Malcuvenant, vint à R. aux prises à une sérieuse maladie. Comme son état empirait, il semblait être aux portes de la mort. En désespoir, et sans espoir de recouvrer la santé, il commença à se soucier du soin de son âme. Comme l’effondrement de son corps était plutôt en vue, il lui semblait meilleur et plus bénéfique de, avant de mourir, renoncer au monde et prendre l’habit de moine. Les moines de Reading… furent effrayés que l’officier royal leur fasse cette demande en respect de sa … Ils prennent prétexte de l’absence de leur abbé pour différer leur réponse et lui promettent d’accéder à sa demande seulement s’ils le voient sur le point de mourir. La nuit, comme il semblait entrer dans la phase finale de l’agonie, les moines furent appelés en grande hâte afin que, avant le dernier souffle, ils puissent lui donner l’habit comme ils l’avaient promis. Mais, par une divine volonté, les moines avaient apporté avec eux une ampoule contenant de l’eau dans laquelle la main de saint Jacques avait été plongée. Et, bien qu’ils soient incertains de l’efficacité du pouvoir de l’apôtre devant un danger de mort aussi imminent, ils assaisonnèrent leurs doutes avec de la foi et versèrent une goutte de l’eau donnant la santé dans sa bouche. Il avait auparavant été étendu sur le plancher et semblait un homme mort quand, contrairement à ce que croyaient tous les assistants, il avala la goutte. Ceci arriva une seconde et une troisième fois et, magnifique à dire et plus magnifique dans son résultat, après cette troisième ingestion du liquide sacré, ses membres recommencèrent à se réchauffer, le sang recommença à circuler et son corps mort commença à revivre. On le coucha à nouveau sur son lit, après quoi il commença à transpirer et s’endormit. Après une ou deux heures … il s’éveille et se lève. ( il est en parfaite santé, à l’étonnement de ceux qui le veillaient ) “ Merci à Dieu et à saint Jacques, qui m’ont redonné vie et santé ”. Car le pouvoir de l’apôtre lui apparut… (Il se rend à l’église et rend grâce à Dieu et à saint Jacques. Il est reçu parmi les moines et promet de donner chaque année 20 shillings) pour l’amour et honneur du bienheureux apôtre qui l’avait arraché aux griffes de la mort.
 

•Reading, Miracle II (1155)

Une certaine femme de Earley, devint enflée avec la maladie de hydropisie. Espérant que saint Jacques voudrait l’aider, elle vint à Reading la veille de Noël… Environ la première vigille de nuit, juste comme les moines commençaient matines, tomba sur le pavé du presbytère et commença à se tordre et à avoir à l’intérieur d’elle-même agité jusqu’à la moelle et on craignit pour sa vie. Ses intestins étaient agités. Elle passa une bonne partie de la nuit dans cette douleur atroce quand soudainement, la trappe de son estomac surgit et les vannes de ses intestins s’ouvrirent. Encore et encore elle vomit le poison qu’elle avait abrité pendant si longtemps et nettoya toute la saleté de ce fluide nocif. Avant que naisse le jour, avant que la nuit ne soit finie, la merci du bienheureux Jacques avait été si efficace que, quand l’estomac de la femme fut mesuré, à la stupéfaction du peuple assemblé, il fut trouvé être 4 largeurs de main plus étroit que sa propre ceinture…
 
 

• Reading, Miracle III (1155)

John le clerc, soudainement et pour une raison inconnue, perdit la parole et resta muet pendant longtemps. A la même célébration de la fête de l’apôtre, il vint à Reading pour implorer le Créateur… Là comme il passait la nuit en prière et pendant les vigiles, la chaîne de sa langue fut perdue et il parla normalement, glorifiant Dieu… Plusieurs années après, dans la chapelle de l’abbaye et dans l’hôtellerie, il racontait souvent, à la louange de l’apôtre, ce qui lui était arrivé et comment il avait été guéri.
 

• Reading, Miracle IV

A Reading advint une fois une désastreuse et fatale épidémie qui décimait aussi bien les jeunes gens et jeunes filles que les vieilles gens. A cette époque, en l’espace d’une courte année, 13 moines de l’abbaye furent emportés et de nombreux autres furent excessivement malades. Et, puisqu’il n’y avait personne pour les aider, ils appelèrent le Seigneur à l’aide… Fut prise l’importante décision de convoquer le peuple dans l’église où des litanies spéciales devaient être chantées et de parcourir la ville en procession générale dans l’espoir d’apaiser Dieu grâce à la protection de saint Jacques dont ils porteraient haut la main. Et ce fut fait. Les malades furent portés dans les rues (les morts étant portés hors des portes), afin qu’ils puissent lever les yeux sur le reliquaire qui contenait la main sacrée et être délivrés de leurs maux. Et de fait, ainsi que de nombreux témoins purent le voir, chacun de ceux qui virent le reliquaire furent mieux, quel qu’ait été la maladie dont ils souffraient… Le même jour et à la même heure, l’épidémie cessa, la douleur du peuple fut dissipée et la colère de Dieu apaisée… Depuis, cette sorte de peste n’est jamais réapparue.
 
 

• Reading, Miracle V

A la même époque, un homme de Reading appelé Edward et surnommé Haver, qui avait été vaincu par une maladie qui se manifestait par une fièvre intense qui dura très longtemps… L’infortuné ne pouvait plus bouger et un blocage de sa gorge lui interdisait de boire et de manger. (Son état s’aggrave).  Maintenant son esprit refuse toute nourriture et il est aux portes de la mort. Il passa plusieurs jours en douleurs atroces avant que de l’eau de saint Jacques lui soit envoyée par les moines. Il but avec confiance et, contre tout espoir, la garda. La tumeur de sa gorge aussitôt diminua, le blocage disparut, il recouvra sa voix et, par le bon antidote de la boisson, il recouvra la santé très vite. Il remercia Dieu et saint Jacques.
 

• Reading, Miracle VI

Quelque temps après la fille de cet homme développa la même maladie que celle de son père. Elle guérit de la même façon.
Elle vint ensuite au monastère avec son père et fit des offrandes votives à saint Jacques.
 

• Reading, Miracle VII

Goda, femme d’un chevalier de Herefordshire appelé Hereward, grièvement malade, envoya chercher à Reading de l’eau de saint Jacques. Elle se rend à l’église pour boire l’eau. Elle prie et reçoit l’antidote du liquide sacré. Toute douleur disparut, son corps revit et son esprit se renforce tant qu’elle guérit et, pleine de joie et en chantant grâces, elle retourne chez elle à pied sans l’aide de personne alors qu’elle avait été amenée sur les bras de porteurs.
 

• Reading, Miracle VIII

Une fille de l’Essex nommée Alice, fille d’un clerc, alla dans un parc à moutons le Vendredi Saint à la tombée du jour, pour traire les brebis. Sur le chemin du retour apparut en face d’elle un fantôme avec le visage d’un homme et l’apparence et la forme d’un homme mort préparé pour ses funérailles. La jeune fille fut terrifiée, son sang se glace. Puis le fantôme disparaît tranquillement. Elle rentre en courant, ses cheveux dressés sur sa tête, ses sens se brouillent et elle perd la raison. Elle rentre chez elle et, vision de quelque feu… Elle devint sérieusement perturbée, tant qu’elle était devenue folle et agissait et s’agitait beaucoup comme une femme folle. Finalement, le sommeil la prit et mit fin à ses divagations. Toutefois, elle dormit avec le bras gauche reposant sur sa côte nue en dessous de son sein. Quand elle se réveilla et revint à elle, le bras était atrophié et avait maintenant attaché à son ventre en sorte que la peau ne pouvait être séparée de la peau, ni la chair séparée de la chair et ainsi un os pesant sur les autres lui causait une violente douleur. Par conséquent, la jeune fille quitta la maison et alla parmi la campagne, cherchant aide ou guérison dans les lieux de pèlerinages aux saints. Mais après avoir passé un long temps à ces pèlerinages et n’en avoir retiré aucun bénéfice, elle retourna chez elle, ayant perdu patience, pleine de rancœur et d’amertume et sombra dans le désespoir. Après un très court temps, saint Jacques apparut à une matrone de la région et lui dit : “ Dame, dis à Alice d’aller à Reading, au monastère de sainte Marie, parce que là elle recevra la santé ”. Elle eut cette vision une seconde fois sans en rien faire, et saint Jacques lui apparut une troisième fois, la réprimandant très durement pour sa désobéissance et lui commanda sous la menace d’une punition d’informer la jeune fille de sa vision. Ceci fait, la jeune fille reprit espoir et alla à Reading. Quand elle y eut passé 6 jours sans aucune amélioration elle perdit espoir et décida de rentrer chez elle le lendemain. A ce point, elle en fut empêchée par le saint apôtre, avertie de cela par un rêve, elle acheta de la cire avec la seule pièce qu’elle avait dont elle fit elle-même un cierge. Venant alors à l’église, elle avertit le sacristain de sa vision et fut admise à l’autel où elle entendit la messe et offrit son cierge. Après la messe, William le sous-prieur de Reading apporta le reliquaire dans lequel la main de saint Jacques était gardée et le promena au-dessus du bras de la demoiselle qui était atrophié et était devenu attaché à ses côtes tandis que le moine Nicolas versait de l’eau dessus et baignait son bras. Immédiatement le pouvoir de l’apôtre commença à faire revivre ce qui avait été mort, à desserrer ce qui avait été lié et à séparer ce qui avait été joint. Maintenant, comme elle commençait à récupérer, la douleur devenait plus intense et atroce et ses tourments plus cruels. Mais après 2 ou 3 heures, le bras avait repris sa place, et, comme signe et témoin du miracle, la peau était encore pendante le long de son bras. Le bras encore puant et douloureux devint très gonflé. Mais après qu’elle eut passé un très long temps à l’église, elle recouvra parfaitement la santé, avec aucun signe d’infirmité et aucune trace de son infirmité. Elle reste au service de l’apôtre et entretient l’église en recevant seulement sa nourriture. Elle resta jusqu’à ce qu’elle soit séduite par un certain maréchal-ferrant et devienne sa femme
 
 

• Reading, Miracle IX

Thomas, moine de Reading développe subitement une tumeur à la tête qui lui cause de violentes douleurs. Cette tumeur grandit sans arrêt, en même temps que la douleur. Elle descend sur ses joues et envahit complètement son visage. Son front joint avec face et joues rejoignit ses sourcils le priva bientôt de la vue. La tumeur fut soignée par les docteurs, mais après un léger mieux elle recommença de croître et gonfler encore plus violemment. Ses yeux le démangeaient tellement qu’ils avaient jailli hors de ses sourcils, rongeant ses paupières avec supprimant et ramassant ses yeux s’il n’avait pas gardé sa main basse par la force et le désir nocif en contrôle. En cet état, certain que personne ne pourrait l’aider il fit appel à Dieu et à saint Jacques pour le délivrer. Il supplia le sous-prieur William de lui faire un signe sur la tête avec la main sacrée de saint Jacques. Car il disait qu’il croyait en les mérites de l’apôtre et que, s’il lui était donné de vivre longtemps, il pourrait être guéri et recevoir pleine santé de les bons offices de si grand un père. Après que la tête malade fut signée avec la main de l’apôtre, il humecta un vêtement de lin avec l’eau du bienheureux apôtre et s’en entoura la tête. Aussitôt les démangeaisons commencèrent à s’apaiser, la douleur devint plus supportable et la tumeur commença à régresser. Après deux jours il avait recouvré une parfaite santé et il allait en procession avec tous les moines.
 
 

• Reading, Miracle X

La main d’un moine de Reading nommé John s’était atrophiée et en partie paralysée. Il ne pouvait plus rien porter avec cette main ni porter quelque chose. Il en vint au remède qui avait été essayé par tant de gens, et baigna sa main dans l’eau de saint Jacques et immédiatement reprit toute son agilité dont il avait tant envie.
 

• Reading, Miracle XI

A Collingborne vivait une femme qui avait été dépérissant d’une longue lassitude d’une douleur abominable dans les entrailles. Une nuit qu’elle était endormie, elle vit en rêve le bienheureux Jacques lui conseiller d’aller à Reading avec un cierge. Et il ajouta que si elle venait à Reading au jour qu’il lui indiquait elle verrait la main du B.J. et obtiendrait la guérison qu’elle souhaitait. Il lui dit aussi de ne pas prendre le cierge qu’elle avait fait à Salisbury, comme elle le projetait, mais un cierge de Reading. Puis, quand elle arriva à Reading elle trouva le comte de Gloucester avec sa femme et plusieurs grands seigneurs, qui avaient obtenu de l’abbé la permission de voir et d’adorer la main de saint Jacques. Saisissant cette opportunité, comme il lui avait été annoncé, elle vit et adora la main de saint Jacques. Elle fut guérie et, après avoir reçu la santé, elle racontait ouvertement à tous ce qui lui était arrivé et comment tout ceci était le résultat d’une vision.
 

• Reading, Miracle XII

Une femme du Suffolk vint à Reading avec sa fille à la Pentecôte. Or cette fille était condamnée par nature depuis sa naissance. A partir de ses genoux, il semblait qu’elle n’avait pas d’os fermes dans ses tibias. Ses tibias étaient pleins de chair et de peau et pouvaient être rabattus sur ses genoux comme du cartilage et enroulés autour avec son bras. Dans l’espoir d’une guérison sa mère l’avait emmenée partout en pèlerinage dans l’espoir que, grâce à l’intervention des saints, Dieu aurait merci d’elle. Quand la fille vit la procession le reliquaire dans lequel la main du B.J. était gardée elle implora l’aide du divin pouvoir et l’assistance de la présence de l’apôtre. Ses tibias commencèrent immédiatement à durcir et devinrent fermes ainsi que ses pieds et la plante de ses pieds. En un court instant, elle acquit le pouvoir de marcher.
 

• Reading, Miracle XIII

Un miracle semblable est arrivé à un garçon appelé William, né à Reading. A sa naissance, la nature l’avait puni de deux jambes rabougries et il était considéré comme un handicapé moteur. Ses jambes étaient si minces qu’elles n’apparaissaient pas plus épaisses qu’un pouce humain. La veille de Noël, le peuple était assemblé dans l’église pour leur dévotion annuelle et écoutait les divins mystères quand le garçon fut amené dans l’église et assis devant l’autel que le peuple avait coutume d’appeler l’autel de saint Jacques. Il espérait être guéri par le ciel et recevoir la force dans ses membres qui avaient été saisis par la faiblesse. Alors, ses  tendons rabougris commencèrent à se desserrer et à s’assouplir, et ses os commencèrent à pousser et durcir…
 

• Reading, Miracle XIV (1158-65)

A Bucklebury et dans les villages alentour sévissait une grande épidémie qui touchait hommes et bêtes, moutons et bœufs et même les troupeaux dans le champ, avec une maladie mortelle et la plus grande part d’entre eux étaient anéantis. Mais quand il fut mis au courant de cette épidémie et de cette propagation incontrôlée, Roger, abbé de Reading, qui avait pris la main du bienheureux Jacques au roi et l’avait maintenant rapportée avec lui, vint à Bucklebury. A la demande de Pierre, doyen de Bucklebury, il célébra une messe en l’honneur du bienheureux Jacques et après la messe il bénit quelque eau et plongea dedans le reliquaire contenant la main sacrée. Et avec la main de l’apôtre tenue en l’air il sortit et monta sur une éminence et bénit la région souffrant de l’exécrable catastrophe et donna des instructions pour l’eau sus-dite qui avait été bénite pour qu’elle soit dispersée sur les maisons et les foyers. Et ce fut fait. Le même jour et à cette heure précise l’épidémie cessa et la cruelle peste disparu à la fois des homme et des bêtes

•Reading, Miracle XV

Afin de préserver la mémoire de ce miracle, le moine sus-mentionné proposa d’ériger une croix de bois sur la colline où la bénédiction avait été donnée. Et quand il eut donné
il lui arriva que dans le bois d’un certain chevalier qui était un de ses voisins et ami, il trouva une pièce de bois abattu qui correspondait juste aux dimensions de son projet que le chevalier avait été incapable, malgré toute l’habileté ou les efforts des spécialistes, de déplacer de l’endroit où il avait été abattu. Il était à cette même place depuis 2 ans. Le moine persuada son ami de lui donner cette pièce de bois mais quand elle fut chargée sur une charrette et que les bœufs commencèrent la traction, au premier essai tout les harnais craquèrent comme s’ils avaient été faits de toile d’araignée. Les cordes furent 2 fois réparées, mais la seconde et la troisième elles cassèrent. Quand ils virent cela, chacun fut frappé de stupéfaction. Alors le moine,  connaissant bien le fait que le vieil ennemi détestait le signe de la croix par laquelle il fut vaincu, envoya quelqu’un à grande vitesse pour chercher l’eau du bienheureux Jacques. Il en aspergea le joug des bœufs, les cordes, le bois, la charrette et les bœufs, et ordonna le départ du convoi. Cette fois et avec la plus grande facilité, les bœufs réussirent à démarrer et ne rencontrèrent plus de résistance à  leur travail. Dès lors il ne fut plus nécessaire de diriger les bœufs car il semblait qu’ils étaient dirigés par le ciel ils allèrent très vite à l’endroit exact où ils le devaient… Quand ils furent arrivés ils s’arrêtèrent d’eux-mêmes et refusèrent d’aller plus loin. Alors une croix fut construite avec la pièce de bois et dressée en mémoire du miracle.

• Reading, Miracle XVI (1158-65)

Peu de jours après un homme de Bradfield, courbé avec diminution des tendons, fut avisé dans un rêve et se porta à l’endroit où la croix avait été dressée. Là il pria quelque temps et fut guéri.
 

• Reading, Miracle XVII (avt. 1147)

Au village de Curridge, une certaine dame appelée Ysembela, femme de Sewal, le seigneur du village fut vaincue par une maladie affreuse. Son intérieur semblait si froid que dans la sévérité de sa maladie de la faire se réchauffer. En fait, avec à peine un jour de répit, elle grelottait et tremblait … et était complètement perdue de savoir que faire. Comme un épileptique, elle tombait à demi morte sur le sol et son visage était celui d’une femme prête à rendre son dernier soupir. Elle avait déjà consulté beaucoup de médecins en plusieurs occasions mais désespérait d’être guérie par aucun d’entre eux. A la fin elle retourna chez elle et fit un vœu à Dieu et à saint Jacques. Et elle vint à Reading pour accomplir son vœu et prier pour sa santé. Elle est exaucée.
 

• Reading, Miracle XVIII (1163-87)

Au nord de l’Angleterre il y avait un certain homme riche nommé Gilbert, gardien de meute qui était atteint de la vanité de la poursuite et qui, ne faisant aucune distinction entre un jour et un autre et qui croyait que la vanité et le plaisir était toujours permis. Le jour de saint Jacques, il entra au petit galop dans un bois sans plus se soucier de la fête. Et avec sa meute il poursuivit un cerf et gardant sur ses talons un long temps et le prit. Mais alors qu’il se félicitait de sa prise, la vengeance du Seigneur s’abattit sur lui par une transpiration salée qui semblait courir entre ses yeux et lui fit perdre totalement la vue. (Il rentre chez lui grâce à sa monture ) Il resta aveugle pendant très longtemps, malgré les onguents et les remèdes et il commença à devenir un fardeau pour ceux parmi lesquels il avait été si populaire. Dans son adversité il trouva peu d’amis, dans sa pauvreté très peu et dans sa cécité aucun. Il resta seul avec sa femme qui le guida en pèlerinages aux saints, mais en vain… Après un long temps, saint Jacques lui apparut en rêve et lui ordonna d’aller à Reading s’il voulait revoir la lumière… Il resta un temps considérable puis il décida de rentrer chez lui toujours aveugle. Il partit et, à Banbury, il fit à nouveau un rêve qui lui ordonnait de retourner, de faire lui-même un cierge et qu’il obtiendrait la guérison promise lors de la prochaine fête de l’apôtre. Il revint la veille de la fête. Le jour suivant Gilbert, évêque de Londres venait transférer la main du plus saint apôtre d’un vieux reliquaire dans un nouveau et bénir le peuple. Et quand il leva le reliquaire et donna la bénédiction les yeux de l’homme commencèrent à s’éclaircir. Du sang jaillit de ses orbites et coulèrent sur ses joues… Il redressa sa tête et, tournant son regard vers le cierge et vit qu’il était brûlé jusqu’à la base … il prit rapidement le cierge et, comme il poussait la mèche, le cassa en louange du plus saint des apôtres et annonça qu’il avait reçu son signe. Les flots de sang qui avaient coulé de ses yeux étaient encore collés sur les joues de l’homme… Il servit de nombreuses années à l’hôtellerie de l’abbaye jusqu’à ce qu’il parte à Jérusalem…
 

• Reading, Miracle XIX (avt.1189)

Osbert, abbé de Notley languissait aux prises avec une grave affection des yeux. Il avait essayé les onguents et plusieurs médecines, mais non seulement il ne fut pas guéri mais il semblait plutôt que son état s’était aggravé. Il souffrait de plus en plus. Si par exemple il lui arrivait de regarder un rayon de soleil ou d’une lampe, il lui semblait que sa tête était subitement percée et il devenait aveugle. Il passait des jours et des nuits sans dormir. Quand il eut quelque temps souffert cette douleur et qu’il ne pouvait trouver aucun repos, un de ses chanoines lui conseilla d’aller à Reading et d’honorer saint Jacques en lui faisant le service d’un pèlerinage. Et aussitôt qu’il eut prononcé ce vœu avec sa bouche que son angoisse partit et la douleur commença de diminuer. Au bout de 3 jours il pouvait chanter la messe. Et il vint à Reading ainsi qu’il l’avait promis, en parfaite santé. Il offrit un très haut cierge au bienheureux apôtre en accomplissement de son vœu, lumière pour lumière et prix d’une délivrance aussi rapide.

Reading, Miracle XX (Th. Beckett †1170, canon. 1173)

A Estonie près de Seford vivait une fille nommée Ysembela, fille de John le pêcheur. Parce qu’elle avait dormi dehors par temps d’été, elle devint infirme de son corps et perdit toute son agilité. En fait son côté gauche, depuis la plante de son pied jusqu’à son épaule était atrophié et paralysé. Sa main était ratatinée et paralysée et pendait sans vie… Son pied était recroquevillé et incapable de marcher et était tellement tordu que les os de la plante étaient à la place du talon, ses orteils étaient à la place des ongles et les ongles à la place des orteils. Et la fille infirme et digne de la pitié des autres était harcelée par sa belle-mère qui l’insultait et la tourmentait. A la fin, elle fut contrainte par sa belle-mère de partir aux pèlerinages des saints. Mais quand, désespérée de son état et soucieuse de guérir elle eut fait le tour de nombreux lieux de pèlerinage et n’en tira aucun bénéfice, elle retourna à Cantorbery en espérant que par ce retour en ce lieu duquel elle avait plus tôt été provoquée en départ elle pourrait obtenir grâce. Elle était complètement épuisée et tellement rongée par la douleur que quand elle arriva, elle sombra dans le sommeil. Et dans un rêve, elle vit venir saint Jacques suivi d’une foule de saints en aubes. Il lui dit : “ Qu’attends-tu ici ? Que cherches-tu ici ? ”. “ Je recherche la guérison et j’attends saint Thomas ”. L’apôtre répondit : “ Tu ne trouveras pas la guérison ici, mais va à Reading dans mon monastère et là tu recouvreras la santé ”. “ Mais comment puis-je aller là-bas alors que je suis paralysée et faible, ignorant le chemin et sans un sou. Je n’irai pas, je suis trop fatiguée ”. L’apôtre insista encore et encore, lui disant que sans aucun doute elle serait guérie là et nulle part ailleurs. Mais elle ne suivit pas cet avis et refusa de croire à ces promesses… Depuis elle eut plusieurs fois cette vision, et refusa toujours de faire ce qui lui avait été dit. Néanmoins certaine qu’elle ne recouvrerait pas la santé à Canterbury, elle retourna chez elle sans aucun espoir. (Quand sa belle-mère la revoit dans cet état elle la met à la porte. Elle se réfugie chez une de ses tantes) à qui elle raconta ce qu’elle avait entendu, vu et enduré. Elle en vint finalement à lui raconter sa vision. Quand elle entendit cela, sa tante s’exclama : “ Vite, rends-toi en toute hâte à Reading. Prends la seule pièce que j’aie et va à R. acheter un cierge avec ”. La fille partit et arriva 7 semaines plus tard. Elle entra dans l’église et quand elle eut allumé son cierge, la main du Lord vint sur elle et son esprit fut troublé. Et ainsi que commençait sa guérison, elle tomba sur le pavé et, poussant des cris perçants, hurlant dans toutes les directions. Elle remuait ses cheveux, cognait sa tête et projetait son corps contre la pierre avec si peu de considération pour elle-même qu’on aurait pu croire qu’elle voulait se détruire et éteindre la vie qui restait en elle. Après environ 3 heures il plut au Lord de remédier à sa détresse il mit fin à sa maladie. Et ce qui lui manquait dans son corps lui fut rendu. Et quand ses membres sans vie le mouvement des sens, elle recommença à vivre et recouvra la santé. (Elle se relève et va à l’autel de Sainte-Marie-Madeleine). Là elle se couche à nouveau et, fatiguée après l’agonie et sa lutte, elle s’endort. Puis elle s’éveille et crache un sang empoisonné en témoin du miracle et pour parfaire la guérison. Après ce crachat, elle vomit une grande quantité de sang. Encore et encore elle vomit jusqu’à ce que le liquide qui lui avait fait mal (soit complètement évacué). Et ensuite elle fut bien et heureuse. Elle rentra chez elle complètement guérie en glorifiant saint Jacques dans le Lord et le Lord dans le B.J.

•Reading, Miracle XXI (1154-89)

Aquilina, fille de Renaud de Courtenay et femme de Gilbert Basset, conçut et après un temps normal de gestation, fut sur le point d’accoucher, mais n’eut pas la force de donner le jour. Elle était tourmentée par des douleurs atroces du travail depuis plusieurs jours et ne recevait aucune aide ou soulagement des docteurs qu’elle avait appelés pas plus que des médecines qu’elle avait essayées. Ceci fut rapporté à Henri roi d’Angleterre, à ce temps était dans ces régions, et le roi lui envoya beaucoup de gemmes et pierres précieuses qu’il possédait et dont on croyait qu’elles pourraient l’aider dans son travail. Mais elles furent appliquées en vain et chaque jour, heure et minute elle souffrait de plus en plus, les douleurs se faisaient plus atroces. Quand elle eut été en travail depuis 4 jours et autant de nuits et que la naissance n’avait toujours pas eu lieu, seule la mort semblait rester et sa fin approchait rapidement, principalement parce que le fœtus qui était mort dans son ventre s’était tourné et avait fait du ventre de sa mère sa propre tombe tandis que une de ses mains qui était sortie continuait de pendre depuis 2 jours et ne pouvait pas être reculée. En fait il semblait réellement comme un corps mort enterré dans un corps mourant, un cadavre dans un cadavre, un enfant dans sa mère. Néanmoins, bien qu’elle ait perdu tout espoir et qu’elle n’ait aucune confiance dans les sages-femmes, on lui apporta l’eau de saint Jacques et on la lui donna à boire. Ceci empêcha le début de la mort et facilita les douleurs de son travail, car immédiatement le plus doux sommeil apaisa son douloureux tourment et chassa son angoisse. Et comme elle dormait sous cette influence, inconsciente et ne sentant pas la douleur, elle accoucha et, par le pouvoir de l’apôtre elle échappa aux griffes de la mort. Quand elle émergea de ce sommeil réparateur et découvrit qu’elle avait été délivrée par saint Jacques elle promit d’aller à Reading. Et sans délai elle fit un haut cierge et l’envoya pour sa délivrance. Elle suivit elle-même après sa purification et accomplit le vœu qu’elle avait formulé et en remerciement de son retour à la vie, elle promit de payer annuellement 4 pence de son principal château.

•Reading, Miracle XXII (1185)

Comme le fils du roi, Jean, était en Irlande, un des jeunes hommes qui l’accompagnait se cassa le bras, je ne sais comment. Et quand, après un long temps, il ne guérissait pas malgré les médecins et les plâtres il fit le vœu de venir à Reading s’il était guéri. Et son bras fut guéri. Le jeune homme rentra en Angleterre mais négligea d’accomplir son vœu à saint Jacques et peu après il fut puni d’un accident similaire : son autre bras fut cassé et il commença à se souvenir de ses souffrances et de son vœu non accompli. (Il se rende à Reading et est guéri)

• Reading, Miracles XXIII et XXIIII

XXIII
Une femme d’Oxford au lit depuis 2 ans, courbée et contractée. Elle est avisée en rêve d’aller à Reading. Son frère la met dans une charrette à 2 roues et ils partent. Dès le départ elle est guérie. Ils viennent à pied et font leur offrande et racontent aux moines la guérison.
 
XXIIII
Robert de Stanford souffrait depuis longtemps d’une sévère fièvre. Il vient à Reading demander guérison. Après la prière il demande à boire de l’eau. Il est aussitôt guéri. Il vomit encore et encore jusqu’à ce que le liquide nocif soit sorti et que la fièvre soit réduite par ce vomissement.
Un miracle semblable arriva à un chevalier nommé Ralph Gibuin ainsi qu’à beaucoup d’autres, hommes et femmes.
 

• Reading, Miracle XXV (1173)

Mathieu comte de Boulogne, frère de Philippe comte de Flandres était au siège de Driencourt avec Henri III roi d’Angleterre et le jour de saint Jacques incita le roi à donner l’assaut. Le roi et les Grands refusent en disant qu’il n’est pas possible de prendre les armes ce jour-là. Indigné, le comte obtient que toutes les prises soient pour lui. Il est suivi par des centaines de soldats mais c’est la défaite. Le comte est blessé et longtemps tourmenté par un méchant esprit. Et à la fin il meurt.
Raoul de Diceto (Opera Historica, éd. W. Stubbs, Rolls series I, p. 373) qui, bizarrement aussi mentionne la main de saint Jacques, donne une autre version de cette blessure mortelle du 25 juillet 1173 : C’est un acte de divine vengeance car 5 ans plus tôt il s’était fait le vassal de Henri II et avait juré sur des saintes reliques,  dont la main de saint Jacques. Or il a trahi puisqu’il a pris le parti du fils contre le père.

• Reading, Miracle XXVI (1154-89)

Un frère chanoine de Merton, nommé Roger Hosatus, était frappé d’une sérieuse maladie et devenait de plus en plus faible. Son ventre et ses parties vitales souffraient les douleurs d’une tumeur gonflée et de plus tout son corps souffrait de cette douleur intense et de ce désordre féroce, de sorte qu’il n’y avait plus que la mort à attendre. Il attendit longtemps… une guérison lui vint du trône du roi… (passèrent par là ) deux frères de Reading portant la main du B.J. à Henry II qui l’avait demandée pour traverser la Manche, qu’il voulait vénérer et être fortifié par la protection et la bénédiction de la main de l’apôtre avant de prendre la mer. (Quand il fut avisé de cette arrivée, Roger ) courut à la rencontre de la relique de l’apôtre (et obtint de l’eau de saint Jacques). Quand il eut bu une goutte, ses intérieurs furent remués et immédiatement il vomit sur sa poitrine et son cœur le poison qui s’était concentré dans la tumeur et bientôt ses organes furent soulagés. Il mangea et but, ce qu’il n’avait pas fait depuis longtemps. Ensuite il prit encore un peu d’eau le lendemain et le troisième jour et il vomit de toutes les parties de son corps tout la saleté du fluide nocif… Il vint à R. pour accomplir le vœu qu’il avait formulé oralement.
 
 

•Reading, Miracle XXVII (1127)

Richard de Leuns, un chevalier vivant au village de Wavercurt près de Banbury, amena son fils, un jeune homme appelé Pierre, arraché des griffes de la mort par invocation de saint Jacques. Ayant une dévotion spéciale pour la Galice, il avait deux fois visité la maison de l’apôtre en Galice, accompagné au second voyage par le dit garçon, comme camarade et compagnon de voyage. Mais en 1127, env. 15 jours après la fête de l’apôtre, Pierre, en mauvaise santé, mourut à Wavercurt. L’usage de ses facultés physiques avait quitté son corps, la maladie avait fait suite à la santé, et la mort allait survenir, menaçant la faible vie qui restait encore. Le père le recommande à saint Jacques et promet de venir à Reading si son fils est guéri. Le vœu n’était pas plutôt prononcé que les chaînes de la mort ouvrirent le chemin de la vie, le malade reprit ses sens, ses membres recommencèrent à remuer et les couleurs de la vie revinrent sur le visage du jeune homme. (ils viennent tous en pèlerinage, y compris la mère et d’autres notables personnes. Le grand âge du père est garant de la véracité de ses paroles…)