Institut recherche jacquaire (IRJ)

Le patrimoine jacquaire en France

Une partie est listée au patrimoine mondial


Rédigé par le 29 Mars 2009 modifié le 6 Mai 2023
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La plus grande partie du patrimoine jacquaire est liée à des cultes locaux ou à des dévotions personnelles et n'a rien à voir avec Compostelle. Mais la vision de ce patrimoine a été déformée. La plupart des gestionnaires ne savent plus le présenter qu'en fonction de Compostelle. L'inscription de 71 monuments et 7 tronçons du GR 65 sur la Liste du patrimoine mondial en 1998 a été bénéfique pour certains lieux mais a apporté une simplification outrancière.



Le règne du "tout Compostelle"

L'enthousiasme des curés et des érudits du XIXe pour le pèlerinage à Compostelle a complètement déformé la vision du patrimoine jacquaire. L'importance qu'ils ont donnée à Compostelle a conduit à occulter progressivement tous les autres sanctuaires où saint Jacques était vénéré. Trop souvent ce patrimoine n’est plus présenté que comme une balise sur le chemin de Compostelle. Mais ils ont engagé un second processus pervers.

S'appuyant sur la liste des sanctuaires cités par le Livre V du Codex Calixtinus, ils ont fait de ces sanctuaires de simples étapes sur les chemins de Compostelle, laissant croire que tous les pèlerins ne faisaient qu'y passer.  Ainsi, des sanctuaires, comme Sainte-Foy de Conques ou Saint-Eutrope à Saintes ne savent plus se présenter comme de hauts lieux de dévotion vers lesquels convergeaient des pèlerins de tous horizons (y compris des Espagnols). Ils ne se conçoivent plus que comme des "étapes sur Le chemin", étapes parfois qualifiées de majeures pour rappeler leur importance passée.

Telle chapelle Saint-Jacques de montagne est ignorée parce qu’elle n’est pas sur Le chemin. Des villes, comme Angers ou Echirolles, dont l’histoire dit qu’elles ont possédé un corps de saint Jacques ne s’en souviennent plus. La ville de Saintes ne conçoit les pèlerins de saint Eutrope qu'en route vers Compostelle. Qu'il ait pu en venir de Toulouse se dirigeant vers le Mont-Saint-Michel ne fait pas partie des schémas de pensée imprégnés du "tout Compostelle".

Où est le bien de l'humanité ?

On voit écrit partout "les chemins de Compostelle en France sont au Patrimoine mondial de l'humanité". L'UNESCO elle-même tolère la diffusion de cette exagération. Il y a des milliers de kilomètres de chemins balisés comme "chemins de Compostelle" depuis les années 1970. Sept tronçons seulement représentant un total de 157 km ont reçu le label du patrimoine mondial. La plupart des justifications retenues par les inspecteurs de l'ICOMOS ne résistent pas à une analyse sérieuse.

ll y a parfois eu tromperie manifeste de la part de ceux qui ont présenté les dossiers. Ainsi, l'Hôtel Dieu du Puy en Velay a été construit pour les pèlerins venant au Puy vénérer Notre-Dame, pas pour les pèlerins de Compostelle. Mais pour la circonstance il a été désigné du vocable "Saint-Jacques". Tromperie soutenue par les autorités locales, civiles et religieuses qui les unes et les autres y trouvent un intérêt. Tromperie encouragée par les fonctionnaires de l'UNESCO qui n'osent pas prendre position face à une simplification outrancière.


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