Un miracle dans les eaux thermales
« En Espagne, près de Tudején, un paysan battit du blé sur son aire tout le jour de saint Jacques. Le lendemain soir, il se rendit dans un bain magnifique qu’avaient fait jadis les Sarrasins à proximité du château.
Comme il était dans son bain, la peau de son dos, des épaules aux reins, demeura attachée aux parois de la baignoire et, en présence de tous les spectateurs, il rendit l’âme pour avoir transgressé une si grande fête ».
Tudején
L'enclave de Tudején était à cette époque un village de Maures et de Mozarabes qui ne célébraient pas la Saint-Jacques, précisément parce qu'ils étaient en train de battre le blé. C'est pourquoi le Codex nous livre un récit social très précis et y ajoute une description aussi concise qu'exacte du bourg, du château et des bains arabes qui y existaient.
En d'autres termes, le moine qui transfère la chronique à Compostelle est très bien renseigné et en a foulé le sol. Et l'église de Compostelle lui a très bien emboîté le pas, tant sur le plan de la stratégie que de l'intérêt, comme nous le verrons.
Pourquoi ce miracle sans lien avec Compostelle ?
À première vue, il s'agit d'un miracle rare dont l'emplacement est anodin, en dehors de toute route de pèlerinage. Car Tudején était au XIIe siècle une petite ville, à la limite orientale de la vallée de l'Ebre, frontière du royaume de Castille avec les royaumes de Navarre et d'Aragon.
Tudején avait peut-être une valeur stratégique, mais elle n'avait pas la moindre signification jacquaire.À ce stade, la question que nous devons nous poser est double :
1) Pourquoi a-t-on choisi ce lieu perdu sur la carte appelé Tudején ?
2) Quelles raisons ont pu pousser l'anonyme moine clunisien et français à porter ce lieu de Tudején à l'attention de l'église de Compostelle ?
Eh bien, Tudején apparaît dans la littérature jacquaire en 1134, à la mort d'Alphonse Ier, roi de Pampelune et d'Aragon, dont le testament dit textuellement :
"Je fais aussi donation à Saint-Jacques de Galice, de Calahorra, Cervera et Tudején avec toutes leurs appartenances".
L'hypothèse d'un nouveau chemin
Compostelle Patriarcat occidental ?
“Un office des morts, la vigile et la messe de Requiem, avec le propre des obsèques et des heures, doivent être célébrés partout, non seulement en faveur des soldats défunts de Charles, mais encore pour tous ceux, qui depuis le temps de Charlemagne jusqu’à aujourd’hui, ont subi le martyre en Espagne ou près de Jérusalem pour la foi du Christ".
C'est l'intérêt qu'il y avait à l'époque à relier Santiago à la Méditerranée pour se rapprocher de l'objectif d'une Jérusalem libérée en 1099. C'est ainsi que
Tudején devient un jalon jacquaire par le testament d'Alphonse Ier sans être situé sur le chemin de Saint-Jacques.L'Église de Compostelle en a pris connaissance et l'a suivi avec un intérêt légitime à partir de 1134. Jusqu'à quand ?
Et bien, jusqu'à ce que le conflit testamentaire soit résolu, car il s'agissait d'un testament farfelu qui n'a satisfait personne et a nécessité des négociations et des compensations sous la médiation du pape.
Et nous devons en conclure deux choses :
Pour terminer
« Les autres choses, qui sont dans les livres historiques suivants, je les ai vues de mes propres yeux, ou je les ai trouvées dans des livres, ou je les ai apprises de relations fiables et je les ai faites miennes ».