Institut recherche jacquaire (IRJ)

La Gouvernance des chemins (2), nos propositions


Rédigé par le 28 Janvier 2014 modifié le 2 Février 2015
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Plaque apposée sur l'église de Perse dans l'Aveyron. Cette église ne fait pas partie des 71 monuments justifiant l'inscriotion..
Plaque apposée sur l'église de Perse dans l'Aveyron. Cette église ne fait pas partie des 71 monuments justifiant l'inscriotion..
" Les Chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France ", bien étendu et composite, inscrit en 1998 sur la Liste du patrimoine mondial par l'Unesco, se déploie sur 13 régions, 31 départements et 95 communes. Composé de 64 monuments, 7 ensembles et 7 sections de sentier, dont, pour la seule région Midi-Pyrénées, 21 monuments, 5 ensembles et 6 sections de sentier, il est constitué de composantes solidaires entre elles et réparties par thème : la dévotion (cathédrales, églises, basiliques, dolmen), l'accueil et les soins (anciens hôpitaux, abbayes) et les accès et franchissements (ponts, porte d'entrée de ville et sections de sentier).
Henri-Michel Comet, préfet coordonnateur du bien en série « Les Chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France », a présidé, 22 janvier à Toulouse, une réunion consacrée aux composantes du bien situées en région Midi-Pyrénées et à leur gouvernance. L'État (direction régionale des affaires culturelles) en assure, en effet, la responsabilité opérationnelle.
Cette réunion, qui a accueilli propriétaires et gestionnaires, avait pour objectif de faciliter la création et l'organisation de commissions locales qui participeront à la gouvernance du bien par l'harmonisation des actions de valorisation des composantes du bien de la région. Ces commissions devront, à terme, contribuer à la mise en œuvre des périmètres de "zones tampons" Unesco ainsi qu'à l'élaboration de plans de gestion locaux.

Compostelle modèle des pèlerinages médiévaux

Les liens de ces 71 monuments avec Compostelle, voire même avec saint Jacques, sont le plus souvent inexistants ou ténus. Mais la qualité de beaucoup d'entre eux est réelle, même s'il est difficile de prétendre qu'ils ont une Valeur Universelle Exceptionnelle (VUE), exigence de l'UNESCO. Ils sont en outre représentatifs de beaucoup d’autres qui ne bénéficieront jamais d’une inscription formelle mais qui témoignent de pèlerinages ou de cultes à saint Jacques ou ont trouvé leur place sur les chemins contemporains de Compostelle. Ils auraient pu justifier aussi l'inscription des Chemins de Compostelle. La demande initiale n'envisageait-elle pas 800 édifices ?
L'inscription repose sur deux postulats :
- tout au long du Moyen Age, des pèlerins allaient à Compostelle en foules considérables.
- en France ils ont marché sur quatre routes.
Si les pèlerins étaient nombreux sur les routes, ils n’étaient qu’une petite minorité à aller à Compostelle. Et les quatre routes sont un mythe. Le Conseil de l’Europe, par sa déclaration de 1984, indiquait la voie, il recommandait au Comité des Ministres
« de choisir l'exemple du chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle comme point de départ d'une action relative à d'autres itinéraires de pèlerinage … ».
Voilà la clef, Compostelle est un symbole de tous les pèlerinages médiévaux. Et plus précisément, il est un modèle car l’apôtre Jacques, premier apôtre martyr, passeur des âmes le long de la Voie lactée, était vénéré en de nombreux sanctuaires en Europe dont beaucoup possédaient des reliques de l'apôtre.

Une mise en tourisme à inventer pour que 71+7=1

Pour mettre en valeur ce patrimoine il faut faire vivre chaque site, en symbiose avec les autres, sinon au bénéfice de l’humanité, du moins au bénéfice des populations locales, des visiteurs, des touristes et des pèlerins. La réussite suppose un effort de formation des personnes chargées de l’accueil, avec une forte composante historique, et une ferme volonté d’informer, en tenant compte de la dynamique créée par l’essor du pèlerinage contemporain.

L'Etat n'est sans doute pas le mieux placé pour atteindre cet objectif.
Rien ne se fera sans partir du niveau le plus bas possible, sans coopération active entre les divers acteurs qu'il ne s’agit pas de gérer mais de faire vivre en harmonie. Les exemples existent de sites  vivants où il y a un projet porté par une équipe locale. Mais il n’y a pas de modèle unique.

Quel organisme inventer qui puisse apporter un soutien aux initiatives locales, organiser les échanges d’expérience et  devenir le facteur d’unité indispensable pour qu’enfin 71 + 7 = un seul Bien ? Ce ne peut être un organisme hégémonique tendant à imposer une gouvernance sans objectifs autres que d'apporter des réponses aux exigences de l'UNESCO dans la fidélité à l'erreur initiale

Faire reconnaître un patrimoine immatériel

Le dossier présenté par la France à l’UNESCO a cherché à présenter une cohérence géographique en transformant les monuments en jalons sur des chemins. C’était déformer la réalité donc commettre une erreur. Le véritable lien entre ces monuments n’est pas la géographie. Il existe une autre cohérence qui n'est pas une solidarité.
Nous retrouvons en eux ce que demande le critère III de l’UNESCO :
« apporter un témoignage unique ou du moins exceptionnel sur une tradition culturelle ou une civilisation vivante ou disparue ».
Curieusement ce critère, à nos yeux le seul pertinent, n’a pas été retenu par les experts de l’ICOMOS qui ont proposé l’inscription sur la base des critères II, IV et VI. C’est pourtant bien ce seul critère qui peut enfin permettre de résoudre l’équation 71+7=1.
Le véritable patrimoine commun de l'humanité, c'est le pèlerinage et pas les chemins, sauf de rares exceptions. Il existe dans toutes les cultures et toutes les religions sous des formes diverses.