Institut recherche jacquaire (IRJ)

L'homme à cheval sur les chemins de Compostelle, 1963


Rédigé par le 22 Avril 2013 modifié le 27 Juin 2017
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1963, l’aventure commence, 4 cavaliers emboîtent le pas d’Henri Roque pour rejoindre Saint-Jacques de Compostelle. Accompagnés depuis le Somport par 4 officiers espagnols, ils atteignent leur but le 28 juin 1963. Partis pour une aventure sans lendemain, comme pour un défi, on découvre, ils découvrent, qu’ils ont été les pionniers de la reconversion du cheval dans la société d’aujourd’hui, qu’ils ont montré le chemin à tous les pratiquants d’équitation d’extérieur.



Récit du premier pèlerinage à cheval à Compostelle et portrait d'un homme d'exception

Henri Roque et Christine de Rivoyre en Provence (cl. Ph Charliat)
Henri Roque et Christine de Rivoyre en Provence (cl. Ph Charliat)
Après plus de deux ans de recherches, Denise Péricard-Méa a  retrouvé le récit original écrit par Henri Roque. Elle le  publie, complété des récits d'autres participants et de nombreux témoignages sur cet homme exceptionnel que fut le promoteur de cette chevauchée, le premier maître-randonneur, celui qui a ouvert la voie à la promotion du pèlerinage contemporain à Compostelle.

Le journal de ce voyage vient de paraître, augmenté de la biographie d’Henri Roque et de nombreux témoignages et photos. On y découvre un homme d’exception, avec ses zones d’ombre et de lumière. Exubérant, théâtral, féru d’histoire, conteur hors pair, il a imposé ce nouveau mode d’équitation ; le Tourisme équestre.

Ouvrage publié avec l’autorisation et le soutien de Vanina Roque-Troisgros, fille de l'auteur
Préface de Marc Ambroise-Rendu et Jean-Pierre Bernadac, participants à la chevauchée
Avant-propos : L’Homme à cheval, la naissance du tourisme équestre, son mariage avec Compostelle.
A - Récits croisés de la chevauchée par les participants, en France et en Espagne et bilan
B - Pour comprendre cette chevauchée : l’imaginaire du pèlerinage en 1963,  un pèlerinage politico-religieux.
C - Mieux connaître et comprendre l’Homme à cheval

Index des noms de lieux et de personnes et orientations bibliographiques

Le récit truculent et savoureux du premier maître-randonneur ayant conduit des pèlerins à Compostelle

Un récit haut en couleur, un homme hors du commun
Un récit haut en couleur, un homme hors du commun
Écrit par Henri Roque, pionnier du tourisme équestre professionnel, ce récit avait été perdu. Il n’en restait que quelques articles parus dans Plaisirs équestres en 1973. Retrouvant par hasard l’un d’eux, Denise Péricard-Méa, elle-même pèlerine à cheval en 1982, s’est lancée à la recherche de ces cavaliers qui l’avaient précédée. Grâce à Internet, elle a retrouvé Marc Ambroise-Rendu, journaliste, organisateur de la chevauchée aux côtés d’Henri Roque. Par un heureux hasard il possédait un exemplaire du récit et un épais dossier qui allait livrer de très riches archives et ouvrir la voie à un récit passionnant ...

Un commentaire élogieux du Nouvel Obs

Voici ce qu'écrit Jérôme Garcin à propos de ce livre :

« Enfin, voici que paraît «l'Homme à cheval sur les chemins de Compostelle» (C'est-à-Dire, 26 euros), le récit posthume d'Henri Roque. Au printemps 1963, il partit à cheval d'Eygalières pour Saint-Jacques avec quatre «chevaliers de la lune», comme les appelait Christine de Rivoyre, qui galopa un temps à leur côté. La chevauchée n'était pas seulement sportive, elle était aussi religieuse et idéologique - Roque, un ancien pétainiste, ne cachant pas son admiration pour le régime de l'abominable Franco. Et pourtant ce livre est un document instructif, parfois exaspérant, sur le pèlerinage de Compostelle, son histoire qui remonte au Moyen Age et sa cohorte de croisés exaltés qui croient vivre au temps du pape Calixte II. A côté d'Henri Roque, Alix de Saint-André et Jean-Christophe Rufin passent pour des trotskistes-léninistes. Mais Dieu reconnaîtra les siens. »

Voir l'article complet de Jérôme Garcin dans le Nouvel Obs

Interrogé par Denise Péricard-Méa sur ce qui l'avait exaspéré dans le livre, Jérôme Garcin a répondu :
«  ... il n’y a rien d’ « exaspérant » dans votre texte, au contraire, il est d’une exactitude et d’une lucidité remarquables. Ce qui, je l’avoue, m’a parfois exaspéré, c’est, à mesure que progresse le pèlerinage, l’exaltation idéologique et religieuse de Roque, à la limite du fanatisme, qui ne cesse de croître. Au point d’ailleurs que certains de ses compagnons de route le supportent mal eux-mêmes.Reste, encore une fois, un document exceptionnel, et sur le pèlerinage, et sur l’époque. »

Demandez-le à votre libraire !

Henri Roque, L’Homme à cheval sur les chemins de Compostelle, 1963
 
Editions C’est-à-dire, Forcalquier
368 pages, format 165 x 230 mm, ill. en noir et blanc
collection « mille mots chuchotés »
ISBN 9782918235088 / 26 euros
Découvrez la chevauchée grâce à des images des principales étapes

Un avant-goût du livre, préfaces des deux participants

Marc Ambroise-Rendu

Voilà un demi-siècle cinq cavaliers français enfourchaient de petits chevaux Barbes, à Eygalières dans les Alpilles et prétendaient gagner en cet équipage Saint-Jacques-de-Compostelle, en Galice espagnole. La randonnée équestre reprendrait les chemins des pèlerins d'autrefois coupés depuis au moins 27 ans par la guerre civile, l'isolement du régime franquiste et la seconde guerre mondiale. Hormis ces cinq rêveurs personne ne croyait à la réussite d'une telle entreprise. Que d'obstacles en effet : la modestie des montures, l'inexpérience des chevaucheurs hormis le premier d'entre eux, Henri Roque, pionnier du tourisme équestre, leur résistance physique à 40 jours de selle, l'incertitude des écuries et de la pitance pour les chevaux, la disparition des anciens chemins, la haute frontière pyrénéenne, l'attitude des autorités espagnoles, l'hébergement des hommes et des bêtes le long d'un itinéraire ibérique fort pauvre et déserté depuis si longtemps, etc. Pourtant, après moult péripéties, six semaines et 1200 kilomètres plus tard, les cinq aventuriers atteignaient leur but.
Après le tapage médiatique accompagnant ce qui fut considéré à l'époque comme une sorte d'exploit le silence est vite retombé. Parmi les cavaliers trois ont disparu et les deux survivants de la « chevauchée de Compostelle » avaient tourné la page.
Pas tout le monde. Denise Péricard-Méa, docteur en histoire et spécialiste des pèlerinages compostellans, s'est intéressée à celui-ci datant de 1963. Elle a décidé de retrouver les notes de voyage laissés par certains des cavaliers et de les agencer de manière à reconstituer étape par étape ce périple original. Mais aussi de l'enrichir grâce à des mises en perspective dans le domaine sportif, touristique, politique et humain. Nous les « survivants » —qui n'avons rien oublié— l'avons encouragée dans son entreprise.
En effet c'est d'abord un chapitre de notre histoire personnelle qui ressurgit. Une histoire qui nous a marqués, qui a conforté nos goûts et qui peut-être a orienté nos choix ultérieurs. C'est aussi un événement —nous en avons pris conscience au cours des années suivantes— qui a poussé de nombreux pseudopodes. La chevauchée de Compostelle modèle 1963 a révélé les possibilités et l'intérêt du tourisme équestre. Avec de rustiques montures il est possible de randonner loin et à l'économie. C'était presque révolutionnaire en ce temps-là dans les milieux hippiques. Elle a réouvert la direction de Saint-Jacques à d'autres cavaliers mais aussi à des marcheurs qui aujourd'hui sont devenus légion. Ce faisant la coloration religieuse et même expiatoire du cheminement traditionnel a eu tendance à s'estomper derrière l'image du voyage pour le plaisir. Nous étions les pionniers d'une sorte de laïcisation du pèlerinage.
L'irruption de cavaliers français sur el camino francés a concrétisé encore un virage politique. D'une part arrivait aux commandes une génération de jeunes franquistes qui souhaitait moderniser son pays et, pour ce faire, rendre les Pyrénées plus transparentes. Et même au-delà s'ouvrir sur l'Europe. Dédiaboliser le régime, en somme. Nous tombions à pic. Cette attitude coïncidait d'autre part avec la nouvelle attirance de nos compatriotes pour les rivages et les terroirs espagnols et même avec les opportunités de placements financiers. Bref, on entamait un long itinéraire vers l'acceptation réciproque et la réconciliation.
Enfin le périple et la longue cohabitation de 40 jours a été l'occasion de découvrir les personnalités toujours originales de nos compagnons. Henri Roque, patron de l'expédition, son initiateur et le fournisseur de la cavalerie, ainsi que son camarade Barreaud de Lacour ont révélé leur penchant politique en faveur du franquisme. Du coup ils ont soulevé un pan du voile qui recouvrait leur passé. On verra qu'ils n'en étaient pas à leur première aventure.
Tout cela devient clair à la lecture du récit monté par Denise Péricard-Méa et des informations qu'elle a judicieusement rassemblées autour de cette colonne vertébrale. Nous l'en remercions car son travail donne sa vraie dimension à ce qui aurait pu rester une pittoresque promenade.
 
Jean-Pierre Bernadac  

Avoir 25 ans, retour de la guerre d’Algérie, en passe de rentrer dans la vie active et se voir proposer un raid hippique de 40 jours ne se refuse pas. L'aventure commence, l'aventure continue. Aujourd'hui les épisodes de cette chevauchée s'estompent doucement dans le cheminement de la vie jusqu'à ce jour où je reçois cet appel de Denise Péricard, historienne, qui désire écrire un récit de notre voyage.
Comment cette simple chevauchée devient un fait historique ? !
Cinquante ans après le jeune inconscient découvre que son aventure l'a plongé et dans le passé et dans le futur.
En France nous sommes devenus les porte-flambeaux du tourisme équestre, révélant une nouvelle forme de voyage. En Espagne notre raid devient pèlerinage, nous portons haut le drapeau de la chrétienté ! Nous rentrons à cheval dans les églises, nous sommes reçus en grande pompe à Saint-Jacques-de-Compostelle.
En France des amis nous accompagnaient, en Espagne les militaires nous encadrent ; nous participons à l'ouverture du pays à la démocratisation ! Le futur roi d'Espagne nous reçoit.
Nous suivions des chemins, en fait nous faisions revivre l'antique chemin vers Saint-Jacques-de-Compostelle, el camino francés. Nous étions devenus des pèlerins.
Et que dire de mes compagnons de voyage dont je découvre cinquante ans après qu'ils n'étaient pas tout à fait ce que je pensais ? Et tout particulièrement Henri Roque, l'ami prolixe et secret à la fois, expansif et torturé.
Merci à Denise Péricard de m'avoir rendu plus conscient.

Sommaire détaillé

La chevauchée racontée par les participants
 
Bilan et impact médiatique de la chevauchée
 
Mon pèlerinage pour comprendre cette chevauchée
 
L’imaginaire du pèlerinage en 1963
 
Un pèlerinage politico-religieux en Espagne
 
Mieux connaître l’« Homme à cheval »
 
L’apport d’Henri à Compostelle confisqué par le comte
 
Le « centaure d’Eygalières » vu par ses amis-clients
 
Epilogue
 
Que sont devenus les autres « zozos » ?
 
Index des lieux et des personnes
 
Bibliographie


Commentaires articles

1.Posté par Guy Bideault le 17/06/2013 11:27

Henri Roque méritait bien qu'un livre lui soit consacré et je vous félicite et remercie d’en avoir pris l’initiative. Henri a été pour moi le plus inattendu et l’un des meilleurs amis que m’ait offert ma carrière dans les Haras Nationaux.
Je dois avouer qu’avant mon affectation à Uzès je considérais le tourisme équestre avec une certaine condescendance. C’est Henri qui m’a fait changer d’attitude. Malgré les idées politiques qu’il affichait, Henri se souciait des "petits" comme il les désignait, ceux qui avec des moyens financiers modestes n’avaient qu’un accès limité à la culture et à un loisir tel que l’équitation. C’est d’ailleurs sans doute la raison pour laquelle "L ’Homme à cheval" s’est fait l’avocat de la pratique équestre la plus simple et aussi la plus ancienne, le voyage à cheval.
Je crois avoir provoqué la vocation de quelques jeunes camarades de l’Agro pour les Haras en organisant des randonnées à cheval durant lesquelles ils ont découvert les saines joies du voyage à cheval décrites par Montaigne, que j’avais découvertes grâce à Henri. A sa manière Henri a donc lui aussi travaillé pour notre vieille maison.

2.Posté par LC le 17/06/2013 11:54

Merci de bien vouloir perpétuer la mémoire de l’Homme à cheval. C’est un cas ! Tellement attachant.

3.Posté par Christian Josquin, maître-randonneur le 17/06/2013 13:30

Je termine aujourd'hui de lire votre œuvre sur le parcours d'Henri Roque, mon ami, et je tiens à vous exprimer immédiatement mon admiration pour ce remarquable travail. Vous avez effectué une recherche exceptionnelle sur le parcours de cet aventurier de génie

4.Posté par Monique Bouissou le 19/06/2013 18:46

Assurément, c'est LE livre à emmener pour ses vacances. Sa composition très astucieuse permet de le lire en le prenant où l'on veut : le récit aux 3 miroirs de ce pèlerinage en 1963, bien avant qu'il ne soit "à la mode", la vie complexe de ce pionnier du tourisme équestre et les témoignages de ceux qui ont vécu avec lui des aventures inoubliables.
En 1963, l'Espagne est franquiste et le chemin parcouru jusqu'à Compostelle peu connu des touristes de la Costa brava ! Ces 5 cavaliers pèlerins,bien inoffensifs seront "accompagnés" pas à pas par des militaires à cheval, leur voyage sera très médiatisé en Espagne et l'utilisation qu'en fera Franco, une leçon de politique ! la reprise que fera D. Péricard-Méa de 3 récits si différents, au jour le jour, n'est pas ennuyeuse ; au contraire, des liens vont se tisser ou se défaire et l'on comprend l'engouement actuel pour ce pèlerinage. La vie rurale de l'Espagne, en toile de fond, est une belle leçon d'histoire et ce livre se déroule comme un tissage. L'iconographie enrichit le texte et complète ce beau travail d'un historienne-chercheur qui a dévoilé la vie de cet homme précurseur.

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