Institut recherche jacquaire (IRJ)

1950-1951, Première association jacquaire, étape n° 72


Rédigé par Denise Péricard-Méa le 14 Août 2020 modifié le 28 Octobre 2020
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L'étape 69 a révélé une énigme sur l'existence d'une association française antérieure à 1950 ou créée cette même année. La première association jacquaire en Europe, fut déclarée officiellement en 1951 à Paris sous le nom Société des Amis de saint Jacques de Compostelle.



PÈLERINER dé-CONFINÉS
Avec Denise Péricard-Méa et les Constellations Saint-Jacques
Etape n°72

L'énigme demeure

Il est vraisemblable que la création d'une association de promotion de Compostelle en France ait été envisagée dès la préparation de l’exposition « La France et les Chemins de Compostelle » dont il a été question dans l’étape 69.
La « Société des amis de saint Jacques de Compostelle », première des associations jacquaires en Europe, a été déclarée au Journal Officiel en août 1951. Est-elle liée en quelque façon à l’Association des Amis de Saint-Jacques de Compostelle mentionnée dans le catalogue de l’exposition ?
La Société a toujours dit avoir été fondée en 1950. Fut-elle cette association en existant de fait avant d'être déclarée comme Société ?
Qu'en est-il alors de la « bibliothèque, du musée de Santiago ; […] Et du patronage symbolique  de l'évêque du Puy, Godescalc » ? (voir étape 69). Le patronage a pu être abandonné sans laisser de traces. Des archives apporteront peut-être un jour des réponses sur la bibliothèque et le musée ? A moins qu'ils n'aient existé qu'en intention, prématurément annoncée comme réalité pour enrichir le message de l'exposition ? 
 

Copie du Journal Officiel
Copie du Journal Officiel

Une société savante pour étudier le pèlerinage de Compostelle

En 1951, le but affiché de la Société « étude et recherches de toute documentation sur le pèlerinage de saint Jacques de Compostelle » n’inclut en rien une aide aux pèlerins, laquelle est apparue bien plus tard et n’est devenue officielle qu’après 1980.

Un prolongement de l'action des Français de Madrid ?

Paul Guinard, directeur de l’Institut français et Maurice Legendre, directeur de la Casa Vélasquez font partie du comité d’honneur auquel appartient aussi Mgr. Martin, évêque de Rouen et fervent promoteur des pèlerinages à Compostelle.
Les membres actifs sont tous attachés à l’Espagne pour des raisons diverses : le président est Jean Babelon, membre de l’Institut des Hautes-Etudes hispaniques, membre, en 1934, de l'association France-Espagne créée sous le haut-patronage d’Edouard Herriot ; Jeanne Vielliard, co-présidente, est ancienne pensionnaire de la Casa Velasquez ; Elie Lambert a été le relais en France de l’exposition pré-citée et on a vu l’attachement à Compostelle de Mgr. Jobit, professeur à l’Institut catholique de Paris ; Paul Deschamps est directeur du musée des Monuments français qui valorisait les chemins de Compostelle ; Georges Gaillard, spécialiste de l’art roman est passionné par Compostelle (il est co-auteur de Pèlerins comme nos pères). Parmi eux très peu étaient allés à pied à Compostelle, mais tous étaient passionnés par l’histoire de ce pèlerinage.
Cette nouvelle association voulait-elle  prolonger en France l’action de Français à Madrid ?


Des absents et un prompt renfort

Un étonnement, celui de pas voir figurer Charles Pichon sur cette liste, pas plus que Francis Salet, chartiste et conservateur du musée de Cluny à Paris, lui qui avait fait peindre la carte des routes de Compostelle dans la grande salle de l’art roman.

René de La Coste Messelière rejoignit les membres actifs après son séjour à la Casa Velasquez, de 1950 à 1952, d'où il n'avait pas manqué d'être informé de la création de la Société.


Le démarrage de la Société fut lent, ses membres étant par ailleurs très pris par leurs activités professionnelles. Dès 1952, le président Jean Babelon projetait une exposition « concernant tout ce qui touche au pèlerinage de Saint-Jacques aussi bien du point de vue hagiographique qu’archéologique, folklorique, etc ». Et il demandait déjà aux adhérents de se constituer en groupes régionaux pour réunir leurs connaissances des « monuments, sculptures, objets, souvenirs » qui se rapporteraient au sujet.


René de La Coste Messelière

Promu secrétaire général de l’association en 1958, il reprit les idées de son président et les mit en œuvre. De 1952 jusqu’à sa retraite en 1983, il fut conservateur aux Archives Nationales mais, jamais vraiment revenu de Madrid, il s’est beaucoup consacré à saint Jacques et à Compostelle, ce que sa direction a admis. Ses années de retraite en furent emplies à plein temps.

En 1957, il mit en place un modeste bulletin qui s’est vite étoffé en raison de sa qualité. Il prit rapidement soin de faire connaître la Société en multipliant les contacts et en donnant des conférences.
En mars 1959, lors d’une conférence donnée à Paris[1] , il plantait le décor tel qu’il existait pour les fondateurs de la Société. Il affirmait que l’afflux des pèlerins avait fait naître au long des routes médiévales des « gîtes d’étapes… et des hôpitaux ». Sa mission était de retrouver ces routes des pèlerins médiévaux et de les faire revivre. Mais relancer les études et organiser cette exposition toujours projetée, toujours repoussée lui demanda plus de temps que prévu.

 

[1] La Coste-Messelière, René de, « Les chemins de Saint-Jacques et la Renaissance du XIe siècle », Centre international d’études romanes, janv. 1962, p. 8-19 (conférence prononcée le 9 mars 1959 au pavillon de Marsan)


Le tournant de 1963

Une initiative prise en 1963 fut déterminante pour l'avenir de la Société. Elle sera présentée dans la prochaine Lettre.