Institut recherche jacquaire (IRJ)

Louis Janin, El Mago, hospitalier de Compostelle


Rédigé par le 20 Janvier 2016 modifié le 1 Février 2024
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L’annonce du décès de notre ami nous conduit à ressortir de nos archives des documents qu’il nous avait confiés dans le cadre de nos recherches sur l’hospitalité contemporaine.
Notre première pensée va à son épouse qui a su tolérer ses absences régulières au service des pèlerins. Aurait-il pu sans elle se rendre aussi disponible ? Elle nous a, un jour, confié « dommage qu’il ne fasse pas à la maison tout ce qu’il fait pour les pèlerins ». Mais quand il était absent au printemps, il n'oubliait pas le 15 mai, date de sa fête.



Le gîte idéal pour Louis Janin

Ayant longuement pratiqué l’hospitalité, Louis Janin s’était risqué à rêver du « gîte idéal ».
Présentant les qualités et équipements d’un tel gîte, il avertissait ainsi ses lecteurs :
« Le gîte idéal n’existe pas actuellement,
il n’existera jamais tant qu’il y aura des pèlerins ».
Pèlerin pour la première fois en 1963, de Lourdes à Compostelle, Louis Janin a entrepris son dernier voyage sur le chemin des étoiles le 18 janvier 2016. Saint Jacques l’attendait au terme de son chemin pour l’introduire enfin dans le gîte idéal qu’il cherchait à offrir aux pèlerins.
Arrés, localité que Louis affectionnait particulièrement
Arrés, localité que Louis affectionnait particulièrement

Hospitalier pendant près de vingt ans

A partir de 1994, Louis a consacré plusieurs semaines chaque année à l’hospitalité, d’abord à Hornillos del Camino, puis à Reliegios, Graňon, Sant Antimo en Italie pour le Jubilé de l’an 2000, de nouveau Graňon et enfin Arrès où il a effectué le plus grand nombre de séjours et d’où il nous a écrit cette carte en 2008. Sans doute y est-il retourné depuis ...
A-t-il vraiment décroché à 85 ans ?
A-t-il vraiment décroché à 85 ans ?

Les pages des carnets des refuges qu’il a tenus regorgent de témoignages de pèlerins vantant les qualités de son accueil. Dès la première année, il en avait fixé les rites, répondant aux besoins matériels et spirituels des pèlerins. La lettre qu’il adressait en 1995 à don José Ignacio, prêtre, responsable de l’association des hospitaliers bénévoles du chemin de Saint-Jacques en Espagne,  en témoigne. Après sa première expérience de 1994 à l’Albergue de Hornillos, il rend compte de son séjour à Reliegios.

Son premier compte-rendu d'hospitalier

Après des considérations sur la situation des investissements de l’Ayuntamiento et des propositions d’amélioration des équipements, il poursuit :
J’ai essayé, comme à Hornillos, de mettre l’accent sur l’accueil matériel et spirituel. Une aide financière de deux pèlerins français m’a permis d’acheter les ustensiles nécessaires pour préparer une soupe. La soupe est toujours la bienvenue pour les pèlerins qui se nourrissent de sandwiches. Le repas pris en commun permet les échanges. Il a même permis à des pèlerins individuels de partir en groupe le lendemain. … l’influence de l’hospitalier peut agir comme un catalyseur …
La citation de passages de l’Evangile avait été remarquée à Hornillos … Cette année, je [les] avais préparés sur des étiquettes adhésives en espagnol, français et allemand (Mat. 10.9 et 10, 25. 35 et 36 et Marc 6.8 et 9), mises à la disposition des pèlerins.
Beaucoup remarquaient que c’était la première fois sur le chemin, à part San Juan de Ortega, où on chantait la bénédiction de la table et où l’accent était mis sur la spiritualité.
Au départ, avec l’abrazo, je donnais quelques paroles à méditer sur le chemin …
Les pèlerins disent souvent « le Chemin est magique ». Louis Janin, surnommé par certains « El Mago » a contribué à cette magie par ses initiatives, ses qualités humaines, sa gentillesse et sa grande connaissance du chemin qu’il parcourait avec comme bagage une simple banane ventrale, confiant dans la Providence et les accueils du Chemin.