Institut recherche jacquaire (IRJ)

Avis d'un théologien sur la position de Mgr Duchesne


Rédigé par le 27 Juin 2005 modifié le 27 Juin 2014
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Les restes de l'apôtre Jacques le Majeur martyrisé à Jérusalem au premier siècle ont-ils été redécouverts en Galice au IXe et reposent-ils dans la cathédrale de Compostelle ? Les historiens qui souhaitent seulement faire de l'histoire ne peuvent répondre affirmativement à cette question. Les théologiens considèrent les travaux des historiens avec un esprit différent apportant une autre vision des mêmes réalités. Les uns et les autres cultivent la vérité ou doivent le faire.
Concernant l'effort pour une juste articulation entre la démarche de la foi et la démarche de la raison, le Père Fournier recommande la lecture de l'encyclique de Jean-Paul II " La foi et la raison ", 1998, éd. Centurion, Cerf.



Ce n'est peut-être pas une vérité historique historienne. Mais c'est sans doute une vérité théologique "historique" : par ce récit, lui-même historiquement repérable à une certaine époque (récit, "légende", hagiographie,..), il est signifié qu'en ces confins de l'Espagne la foi chrétienne est authentique, comme attestée par un apôtre du Christ.
En fin de l'Apocalypse (Ap 21,13-14), les apôtres sont présentés comme les "piliers" de la Jérusalem céleste : ils sont les témoins permanents de l'Evangile aux quatre coins de la terre (comme saint Thomas en Inde, etc). Dans la foi de l'Eglise, les douze apôtres sont considérés comme les fondements partout et toujours actuels de l'annonce de l'Evangile, et dans le cas présent de l'extrême-Europe, en Espagne, avec saint Jacques. Louis Duchesne a-t-il tenu assez compte de cet éclairage théologique, de la Parole de Dieu en l'Apocalypse ? C'est une vérité théologique (et ecclésiologique) historique puisqu'elle s'énonce en ce cours de l'Histoire.
La question est moins ce qui est dit (le corps de Jacques est là) que pourquoi cela est-il dit (même au plus loin de l'Europe, la foi au Christ est véritable). Et quand le Nouveau Monde d'Amérique a été "découvert", le culte de saint Jacques y a été spontanément diffusé (Cuba, Chili, etc,..) pour y signifier également que la foi chrétienne qui y est annoncée est authentique. L'Eglise est apostolique (= fondée sur les apôtres) : sa foi en l'Evangile est celle des chrétiens qui se réfèrent aux apôtres. En Galice, la foi des chrétiens comporte bien la foi de saint Jacques et ses compagnons, la foi authentique au Christ Sauveur.

C'est à ce niveau-là que la question est aussi à poser. Il y a une règle de géographie théologique : selon le fait de l'Incarnation du Fils de Dieu Sauveur en un lieu précis de la Terre, n'est de foi authentique que ce qui est en contact physique avec ces Lieux-Saints, d'où le culte des reliques (de la Croix du Christ, de sa couronne d'épines, d'objets de Terre Sainte,..) et des apôtres (croix de saint André, tombeau de Pierre,...), des saints,... L'important est moins le signe que le signifié. Le tombeau de Jacques peut être un cénotaphe (monument funéraire qui ne contient pas de corps, élevé à la mémoire d'une personne et dont la forme rappelle celle d'un tombeau). Il signifie que la foi des apôtres est parvenue jusqu'en Galice. La parole du Christ ressuscité est accomplie : Allez ! de toutes nations (Espagne,..), faites des disciples ! (Matthieu 28,18-20)
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Père Pierre Fournier

Cette position est à rapprocher de l'évolution du discours des papes à propos de Compostelle


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