Institut recherche jacquaire (IRJ)

1948 - 2010, toujours pèlerin


Rédigé par Jaime Figueras Riba le 17 Décembre 2010 modifié le 17 Décembre 2010
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A près nous avoir confié les souvenirs de son pèlerinage de 1948, Jaime Figueras Riba a eu la gentillesse de nous autoriser à publier ses réflexions de pèlerin. Depuis 1999, il parcourt les chemins de Compostelle, dans la fidélité à son premier pèlerinage avec les scouts et le souvenir d'un pèlerin qui reste pour lui un modèle. Pour l'année sainte 1999, il a eu le bonheur d'arriver à Compostelle avec son fils et son petit-fils et d'échafauder des rêves que ses marches lui ont permis de réaliser. Il nous fait découvrir ses chemins.



Mon nom est Jaime et j'ai 75 ans. Depuis que je suis très jeune, je m'intéresse au pèlerinage à Compostelle. Je l'ai fait en 1948 lors d'une réunion internationale de l'Action catholique de la jeunesse.
Des souvenirs de ce voyage, je me souviens de mon premier pèlerin, un Belge d'environ 35 ans, qui m'a expliqué qu'il avait fait plus de 2.000 km depuis son pays, trois ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il nous a chanté une chanson médiévale wallonne, dont je me souviens parfaitement de la musique et un couplet que j'ai l'habitude de fredonner quand je marche vers Santiago.


Jaime avec son fils et son petit-fils à santiago en 1999
Jaime avec son fils et son petit-fils à santiago en 1999
Les priorités de la vie m'ont fait abandonner mes rêves de Compostelle jusqu'en 1999. C'est alors qu'a commencé ma marche qui se terminera lorsque ma condition physique le décidera. Jusqu'à présent, j'ai parcouru près de 6.000 km à pied par des chemins différents.
En 2007, j'ai réalisé mon rêve de voir le soleil mourir à Fisterra et en 2008 mon second rêve, relier la ville du Puy-en-Velay à Santiago.


Ces randonnées m'ont donné l'occasion de rencontrer de nombreuses personnes impliquées d'une façon ou d'une autre, de me faire de bons amis et de partager toutes sortes de situations avec mes collègues et pèlerins du monde entier. Le chemin est comme un fleuve dans lequel le vrai pèlerin est submergé et emporté par le courant. Sur la route vous n'avez pas de façade sociale, économique, intellectuelle, ou professionnelle. Les personnes rencontrées savent à peine votre prénom, mais tout le monde vous sourit et vous aide si nécessaire. L'utopie de "tous égaux" devient une réalité.


Un autre des nombreux mystères du chemin de Saint Jacques...

Lors de mon premier voyage en 1999 avec mon fils et mon petit-fils, j'ai découvert les différents aspects du chemin, comme le religieux, le spirituel, le sportif, mais je n'ai pas vu le plus important : l'aspect social. Après réflexion, je conclus que mes raisons personnelles pour poursuivre le chemin sont un mélange équilibré de tous ces motifs. J'ai aussi découvert que la meilleure façon de s'intégrer dans l'esprit du Camino était de cheminer avec les pèlerins, de leur parler, de parler aux gens du pays, sans hâte, et de dormir dans les albergues.

Un chemin facile

Je voudrais, toutefois démystifier la difficulté du chemin de Compostelle. Il est accessible à toute personne qui fait un peu d'exercice et qui est en bonne santé. Souvent, la route est plus tolérable que la vie elle-même, les besoins de base sont réduits au minimum et les demandes sont faciles à satisfaire, ce qui donne au pèlerin un sentiment de liberté illimitée.

A plusieurs reprises, on m'a suggéré de raconter par écrit mes expériences, ce que j'ai toujours refusé car je ne suis pas habile dans l'écriture et je suis un peu paresseux. Toutefois, je voudrais enregistrer un groupe de personnes anonymes, de différents pays et différentes situations sociales qui se sont engagés dans le bénévolat et parfois même en sacrifiant leur temps libre, pour prendre soin des pèlerins dans les albergues.

Dans ces 6.000 km, j'ai constaté que le degré de bonheur que respire le pèlerin à son arrivée à Compostelle est directement proportionnel à la chance qu'il a eue de passer la nuit dans les albergues pendant les 30 jours requis pour le Voyage sur les 750 km séparant Roncesvalles de Santiago de Compostela.

Toutefois la voie n'a pas de commencement, c'est le pèlerin qui décide. Mais toujours le but est le même : Compostelle


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